bon
alors euh
si vous voulez
ma
ma première question
c'est votre arrivée à Montreuil
est-ce que est-ce que vous pouvez raconter la
la façon dont ça s'est passé
ben
l'arrivée à Montreuil c'est le travail
oui
donc je suis arrivé dans la région parisienne en
mille neuf cent soixante-neuf
ouais vous aviez quel âge
en soixante-neuf j'avais vingt et un an
et auparavant
auparavant j'étais sur Lyon
donc euh je suis arrivé à soixante-neuf à
à Paris
le travail que j'ai trouvé c'était à Montreuil
et dans quelle branche
c'était dans la peinture en bâtiment
donc l'a- l'arrivée à Montreuil c'est par le travail j'ai connu hein donc euh
c'était une ville où il y avait beaucoup de travail beaucoup d'artisans dans toutes les rues on pouvait trouver du travail
vous vous promenez comme ça vous regardez on embauche vous travaillez là le matin l'après-midi vous pouvez changer et cetera donc
euh
mais tout à l'heure vous avez parlé d'usines
donc vous avez
ben
ben ça
commencé comme ça
au au départ en soixante-neuf
après bon
d'accord
après soixante-neuf donc j'ai travaillé pendant deux ans
dans la peinture et
je suis tombé malade
j'ai fait trois ans de
de soins et de c'est à partir de
c'est tout en étant malade que j'ai fait un stage de mécanicien
de tourneur
et là rebelote j'ai encore trouvé du travail à Montreuil
bon
sans habiter toujours Montreuil
donc c'était la moitié de la vie à Montreuil quoi c'est la journée à Montreuil
mais vous aviez grandi à Lyon ou
mm
grandi en Algérie
non j'ai grandi en Algérie enfin grandi euh pff ça veut ça veut rien dire parce que
ça dépend à quel âge on est grand
je sais pas
c'est ça
nous on était
c'est ça
donc euh nous on é- on était grands à partir de seize ans quoi
je suis venu en France à seize ans
donc de l'adolescence on passe directement à la vie de grand parce que il faut habiter tout seul il faut préparer à manger il faut trouver du travail
et vous avez commencé à travailler très jeune
ouais très très jeune
à seize ans
seize ans oui c'est ça oui
je vous
donc euh
présente mon mari
qui doit
revenir du travail
bonjour monsieur
bonjour
euh
d'accord alors Montreuil
euh
non si vous voulez savoir quoi sur Montreuil là
et bien vous étiez plutôt vous êtes plutôt content de Montreuil
euh maintenant
en arrivant
euh
en arrivant oui oui j'étais content oui parce que on
bon le
le travail c'est que il y avait partout du travail donc on était pas inquiétés et
le logement c'étaient les foyers Sonacotra
ah oui non
donc euh
c'était pas très
brillant au début alors
non les foyers Sonacotra c'était super bien
ah oui
parce que quand euh
on habitait dans des garnis et tout ça c'étaient
des des logements pour nous c'était
cinq par on demandait pas une chambre on demandait un lit
je pensais que les foyers
c'était ça le
Sonacotra c'était quasiment la même chose
vous
la les foyers
voyez l'image que j'avais
Sonacotra c'est
c'est des chambres individuelles
oui
et c'est des des parties communes
vous avez le
la cuisine
les les douches
les sanitaires
et
puis il y a une salle de télévision bien sûr en bas avec un petit bar ou si quelqu'un veut boire un café ou quelque chose
donc pour nous c'était un grand changement
alors Sonacotra ça ça a duré combien de temps
Sonacotra j'ai habité euh
peut-être
trois ou quatre ans
oui
et puis après
après j'ai j'ai trouvé un appartement bien sûr un studio où j'ai habité
tout seul quoi c'est pas
d'accord
et vous vous êtes marié à Montreuil
je me suis marié à Paris
à Paris
ouais parce que le logement que j'ai trouvé après le foyer Sonacotra c'était à Paris
dans quel quartier
onzième arrondissement
ah le onzième
ouais mais toujours en travaillant à Montreuil ouais
donc en fait vous êtes plutôt un habitant du onzième
j'ai j'ai été
pour moi
j'ai été un habitant du onzième maintenant j'habite à Montreuil
maintenant à nouveau Montreuil d'accord
et je travaille toujours à Montreuil c'est le c'est un destin terrible Montreuil pour moi mais
et pourquoi vous avez préféré retourner à Montreuil
non c'est on choisit pas madame mais
ce qu'on doit faire
c'est c'est comme ça
ça vient vous chercher
non le logement
hein
le logement
même le logement on choisit pas parce que à Paris vous faites des demandes à
je sais pas la première demande peut-être qu'elle était faite je sais pas en soixante
quinze ou soixante seize
et tous les ans il faut renouveler jusqu'à mille neuf cent quatre-vingt-quatorze
comme j'ai eu deux enfants et que j'étais à Paris j'avais qu'un petit trois pièces
un garçon une fille à un certain âge il faut plus qu'ils
il faut pouvoir les séparer
voilà qu'ils qu'ils habitent donc c'est à Montreuil que j'ai trouvé un logement
un quatre pièces c'est pour ça que je suis retourné à Montreuil
c'est un logement H.L.M.
H.L.M.ouais
c'est ça oui
H.L.M.
d'accord
et vous êtes plutôt content
du
ouais ben c'est euh
logement à Montreuil
du quartier de
oh /pff,
/ le quartier oui c'est pourquoi pas c'est c'est bien
c'est le
on a l- un grand logement
c'est surtout le logement
oui c'est ça ouais
d'accord euh c'est dans quel quartier de Montreuil
c'est rue Edouard Vaillant c'est
ah dans la rue principale
à côté de
non ça c'est la rue de Paris la rue principale
la rue de Paris
c'est il y a une piscine municipale
il y a le marché de la Croix de Chavaux
c'est une rue qui descend là
du marché jusqu'à presque à Vincennes
oui
et c'est
donc c'est des c'est des logements
potables
bien
d'accord
euh et donc maintenant
vous envisagez quoi de rester
maintenant c'est presque la retraite mais je sais pas
ce que je vais faire franchement je sais pas
je
je sais pas si je vais rester ou pas
oui
vos enfants sont des
mes enfants
Français
installés
pour toujours
ben certainement hein
c'est c'est des Français ouais
oui donc eux n'envisagent pas du tout de repartir ailleurs ou
je ne sais pas
euh mais non je pense ouais ben ils vont peut-être partir ailleurs je ne sais pas si ils vont se marier ils vont certainement aller ailleurs
mais donc vous vous êtes liés un peu aux enfants maintenant j'imagine
enfin peut-être pas peut-être que vous avez envie de vivre
euh liés aux enfants pff oui et non
oui et non parce que bon les les enfants c'est
c'est ils sont ils sont aussi euh
Algériens Français
plus Français qu'Algériens ou plus Algériens que Français je ne sais pas
j'ai ma fille qui ét- plutôt plus Française que
que mon fils il est plutôt plus Algérien dans
dans sa tête
sa sa façon de vivre sa
oui
ça ça pose un problème donc on n'a pas réussi notre vie
voilà
ah
d'accord
donc en fait vous ne savez pas ce que vont faire vos enfants et vous ne savez pas vous même
donc vous-même non plus ce que
vous avez la nostalgie
voilà
oh exactement je sais pas enfin je
quand même du retour en Algérie et de d'a- d'avoir une maison
vous savez quand on
on est venus en France
dans la tête c'était c'était pas
de de de vivre en France ou euh
un émigré quand il vient c'est dans l'espérance de
de faire autre enfin on vient pour le travail pour parce qu'en Algérie c'était la guerre
après soixante-deux c'était il y avait pas de travail
ou même s'il y avait de du travail c'était pas payé
donc c'était il y avait des publicités pour faire des stages ben en France tout ça il y avait la la main d'oeuvre qui
qui essaie d'avoir des gens pour travailler chez Renault Citroën
c'était la la France elle était en plein développement
donc on est venus
pas avec l'idée de de rester ni rien du tout hein parce que
mais au bout de toutes ces années vous avez des amis français
qui vous pousseraient ce qui
non j'ai pas non
vous pousserait à rester
j'ai pas vraiment d'amis non non
non
vous avez
non
vécu
dans
avec un
enfin je je connais des gens
je parle avec eux mais je les considère pas comme mes amis
bon
et vos amis sont en Algérie ou du coup vous
avez commencé à perdre toutes vos racines là-bas
euh non j'ai j'ai justement je j'ai
j'ai tout perdu j'ai perdu mes mes racines ouais
c'est un peu triste hein
c'est très triste oui c'est triste
donc vous vous sentez comme ça euh suspendu
voilà
dans une vie solitaire
exactement je suis je fais je fais le point et je me retrouve vraiment dans un désert
c'est
c'est dans ma tête c'est comme ça
vous en diriez autant des enfants
qui n'ont pas bien trouvé leur place
ben
si les enfants ils ont fait des études ils sont tous les deux ingénieurs c'est pas
oui euh ont très bien réussi en tout cas leur vie scolaire on va dire
oui oui leur vie scolaire
ils ont très bien réussi
et ils ont du travail euh
oui ils ont du travail ils ont des
du travail ouais ils ont pas du
enfin ils ont pas de problèmes pour trouver du travail ils ont pas eu de problème pour trouver du travail
oui
où est-ce qu'ils travaillent
ben mon fils il travaille dans une société c'est des téléphones portables c'est
euh Erikson euh
oui
ma fille elle travaille pour une entreprise qui fait les codes à barres en France elle est elle est souvent en déplacement d'ailleurs
et
je sais pas pour leur vie professionnelle je pense que il y a il y a pas de problèmes
même si ils peuvent changer de travail et pas
ils ont des bagages pour
oui
ça c'est aussi une chance pour eux
mais
ça ne vous règle pas votre problème
de de
ça ne
ça ne me règle pas mon problème non
qu'est-ce que je vais faire des années de devant
et vous n'avez pas eu de d'engagement collectif qui vous a donné un
un groupe
si
tout
de des camarades
au long de ma si bien sûr j'ai j'ai pas je peux dire j'ai des camarades bien sûr mais
j-
entre l'amitié et camarades c'est pas pareil
donc l'amitié c'est
c'est autre chose que la camaraderie
si j'ai
bien sûr j'ai fait des grèves j'ai été syndica- enfin j'ai j'ai été syndiqué j'ai été un ouvrier actif j'ai
mais en fait à la fin
on se dit que le parcours tout ça pour rien
alors
c'est ça
voilà c'est c'est elles ne se ressemblent pas
peut-être que toutes les vies
les vies quand
on vieillit
non non je pense c'est un peu la même chose peut-être que toutes les vies quand on a fait comme ça quarante ans de travail
et puis on va s'arrêter on se dit ben tout ça pour quoi hein
ouais on pense que
donc on en est déjà pas de scolarité
on arrive à quatorze ans c'est l'adolescence on est déjà on est on rentre dans la vie active on est des des vieux
et à soi- soixante ans ça y est c'est pff
oh non à soixante ans ça commence vous avez
oui mais est-ce qu'on a
plein de temps devant vous
est-ce qu'on a envie de commencer
on se dit bon j'ai
c'est pas c'est pas ça quoi
d'accord
mais alors
pour revenir à mon
à mon quartier
justement
dans le H.L.M. euh il n'y a pas de
solidarité est un grand mot mais il y a pas de vie collective les gens se parlent pas plus que ça
pas de syn-
non à part
pas de
non et à Paris c'était autre chose c'était le village la rue c'était le petit village euh
c'était quelle rue
la rue Léo Frot
c'était le petit village c'était à peu près euh un village
oui en fait vous
regrettez le onzième
ah oui oui bien sûr mais on est on est on choisit pas où on part c'est parce qu'on vous oblige à partir c'est tout hein
oui
vous faites des demandes pour accéder avoir un logement vous avez pas un jour on vous dit à Montreuil et ça je l'ai par mon travail aussi alors
oui
le logement à Montreuil et on déménage bon vous avez peut-être un an ou deux où vous avez aucun contact avec les gens
après de temps en temps il y a un petit bonjour mais ça s'arrête là quoi c'est pas les H.L.M. c'est pas
ça n'a pas du tout commencé comme il y a justement à Paris des fêtes de voisins
si il y a deux ou trois ans ils commençaient à faire ça donc euh
peut-être avec maintenant Dominique Voynet peut-être qu'elle va
faire plus mais je sais pas
mais moi j'y ai pas vraiment de vie de quartier vous voyez des gens vous leur dites bonjour
des fois ils vous disent euh bonjour des fois ils vous disent pas
mais ça s'arrête là quoi c'est pas
et avec les courses qui fait les courses chez vous
c'est moi
c'est vous
ouais
alors euh
les courses vous a- maintenant ils
bonjour bonsoir au supermarché c'est tout
ben justement on se demande comment on a pu vivre avant sans les supermarchés
d'accord
ça c'est ça c'est une
c'est une chose incroyable même vous avec votre téléphone portable ou
ou avec votre magnétophone hein c'est
donc vous allez au grand supermarché
ben c'est vous êtes obligé d'aller au supermarché
c'est euh
c'est pas un choix
avant euh on sortait du travail on passait chez le boucher on prend un beefsteack ou je sais pas euh
n'importe quoi on passe
crémier on prend un yaourt ou deux euh
je sais pas on passe chez le charcutier on prend une cervelle on passe chez l'épicier après on prend une boite ou
je sais pas ou trois carottes parce que pour faire le dîner du soir
maintenant vous pouvez plus faire ça
parce que même si vous avez le boucher vous vous avez pas le crémier si vous avez pas le crémier les
ah vous avez vu ça le quartier changer et
ah ouais ouais ouais
et
les petits commerces disparaître
ah bien sûr
à Montreuil c'est
à Montreuil à Paris à Paris ça a commencé à Paris maintenant
donc après vous allez à à Carrefour à la Porte de Montreuil où là vous avez tous les yaourts le
c'est là que vous allez c'est là que vous
ben c'est oui c'est là qu'on me la
donc il y a plus de
ça c'est un changement comme les téléphones avant les gens ils
ils pleuraient parce que ils payaient trop cher la ligne fixe
maintenant même tous les enfants ils ont des portables cinq six téléphones à la maison et
ça pose aucun problème
donc quand on parle du pouvoir d'achat c'est un faux problème à mon avis
qu'est-ce que vous voulez dire
ben je veux dire que les gens
dépensent
leur argent
on leur a
c'est pas c'est pas
on les on les oblige à dépenser l'argent
c'est pas c'est pas eux-mêmes qui qui veulent faire ça
c'est que le système les a obligés
personne n'oblige à téléphoner sur des portables à longueur de journée hein
ouais ouais mais
vous c'est comme la mode vous êtes obligé puis c'est votre fils est
il a quinze ans et tous les ses copains ils ont tous un téléphone portable vous lui achetez un téléphone portable c'est non c'est
mais vous avez le regret de cette période
ah ben
d'avant
bien sûr ça bien sûr c"est
c'était mieux plus convivial
c'était plus convivial il y avait une solidarité euh nous quand moi je je préfère quand j'habitais avec euh cinq ou six personnes que maintenant tout seul
parce que
tout le monde sait qu'est-ce que vous avez si vous si vous manquez d'argent si vous avez pas de travail maintenant personne ne vous connaît rien
vous êtes tout seul isolé dans votre Assedic avec le R.M.I. des gens ils sont isolés dans les coins
avant quand quelqu'un il il était embêté pa- je parle par communautés par contre hein
si par exemple vous avez une communauté kabyle ou une communauté arabe ou n'importe quoi
les gens s'aident entre eux le le type il a pas d'argent et il y avait pas de problème tout le monde lui donne et
et ça cette solidarité
elle a disparu
de
d'origine a totalement disparu
ah mais elle a disparu complètement depuis euh le re- le regroupement familial c'est
pour vous ça a été la fin c'est la
la euh ouais bien
fin de Sonacotra et de la la vie
en famille isolée
isolée c'est ça ouais ouais mm
donc il y a pas de solidarité intercommunautaire
ah mon avis maintenant non peut-être chez les
ça reste encore chez les Africains les Maliens parce qu'eux ils
oui on parle toujours des Maliens de Montreuil
ils sont toujours là
oui oui
d'un groupe très uni
enfin eux et puis même tous les autres Maliens je pense hein peut-être les Maliens les Sénégalais les Africains
ça reste encore
mais l'Algérie tout ça ça a disparu hein il y en a plus hein
oui
et alors
oui et alors ça n'a pas été remplacé par le sentiment je sais pas d'appartenir à la classe ouvrière
euh puisque vous avez parlé des grèves
ça a été important apparemment ça pour vous
euh oui c'est enfin c'était important c'était c'est pareil c'est une obligation hein quand vous faites grève c'est que on vous oblige à faire grève
donc euh après le choc pétrolier du euh
euh ouais c'était le le ministère Chirac hein quand il était premier ministre il y avait beaucoup de casse
donc les les usines il y avait beaucoup de grèves et le travail commençait à manquer on commençait déjà plus à voir les les plaques les artisans qui embauchent euh
et là il y a eu des grèves moi j'ai l'usine où j'ai travaillé c'était une grève qui a duré un an
avec occupation
c'est Dufour euh fraiseuses Dufour
donc c'est une entreprise où on était à peu près euh sept cent personnes que du jour au lendemain dépôt de bilan alors que la l'usine elle travaillait normalement il y avait du travail et tout donc euh
et vous savez s'ils ont simplement délocalisé recommencé
non non non non ils ont par délocalisé non ils ont
ils ont cassé la boîte donc on a fait on a occupé les locaux pendant un an
après la la il y a eu une reprise par une entreprise bien sûr toujours avec euh beaucoup moins d'ouvriers et euh
on était sept cents et quelques et on est repartis à trois cent cinquante et deux ans après
ils ont tout fermé
ils ont non ils ont pas tout fermé ils ont gardé le service après vente il y a eu une vingtaine ou trente personnes
c'est des grèves d'où on sert amers en se disant ou ou pas
a- amers non parce que
pff finalement on se dit euh
il fallait quand même le faire
il fallait le faire mais enfin c'est
c'est pas pour rien c'est
on a fait pour pour quelque chose pour les autres
parce que quand
trois cent cinquante qui ont repris moi j'ai pas repris avec eux
pourtant j'ai
je suis resté à l'usine pendant
j'ai été faire autre chose
j'ai été faire autre chose mais euh c'est c'est pas pour rien c'est
mais ça c'est c'est
c'est parti aussi parce que
je pense que les gens maintenant sont trop endettés
ils peuvent plus faire grève longtemps comme nous on faisait
nous on pouvait faire grève quinze jours et ben on a pas d'argent c'est pas grave on était
on mangeait avec les copains et
maintenant les gens ils ont des pavillons ils ont des voitures ils ont des téléphones portables
c'est ça c'est à nouveau le système dont on
qui est qui est
ah ouais ouais euh bien
tout le monde est endetté et ils
parlait tout le monde est endetté
et on peut pas se payer un jour de grève
ils peuvent faire une journée ou une demi-journée ou deux jours
mais il peut pas faire un mois de grève ou
c'est impossible hein
d'accord
mm c'est ce qu'on voit
ouais c'est
tous les jours
c'est euh
tout ça ça revient c'est des systèmes hein c'est on vous oblige à faire euh
des cartes bleues avoir c'est
je sais pas plein de plein de choses que
vous payez pas beaucoup c'est
douze euros treize euros et puis à la fin ça fait beaucoup et
donc on se retrouve un peu
euh prisonnier
prisonnier
oui
euh vous n'avez pas gardé de liens avec euh
les groupes justement qui avaient mené la la la grève
si on a gardé euh un contact pendant une dizaine d'années hein c'est ça je vous parle c'est c'était en quatre-vingt
quatre-vingt quatre vingt-deux heun
si
même des fois de temps en temps je rencontre quelqu'un on a travaillé ensemble il y a mais c'est pas
mais la plupart des vieux qui étaient vraiment vieux ils sont partis à la retraite et
c'est il y en a qui sont morts il y en a qui sont partis
et
ceux qui sont un peu plus jeunes maintenant ils sont vieux comme moi et
la plupart ils c'est des R.Mistes ou euh
tout à l'heure vous avez
évoqué la présence des Sénégalais euh
et des Maliens
donc Montreuil est une ville particulièrement mélangée n'est-ce pas
ah oui mais à Montreuil oui c'est une ville où il y a beaucoup de communautés à Montreuil
alors euh ça se passe bien comment
enfin moi j'ai c'est pas en discussion des fois à part le travail comme là je travaille pour euh un comité d'entreprise et oes entreprises qui font du ménage il y a beaucoup de Maliens
oui
je parle avec eux ils me racontent un peu les réunions qu'ils font comment ils s'organisent par rapport aux villages par rapport euh
l'argent qu'ils gagnent c'est pas spécialement pour eux c'est
ouais
c'est aussi pour
ils envoient beaucoup
ouais pour la communauté
Jean-Paul prends le téléphone s'il te plaît
pour la leur communauté donc ils vivent en communauté
oui
ils ont des sages ils ont des
ils règlent leurs problèmes tout seuls
je pense que ils ont une justice et
et donc
ça c'est quand même pour vous un idéal parce que
pour moi oui bien sûr c'est
le maintien du collectif et
voilà
pas
simplement l'individu
oh oui c'est magnifique c'est c'est c'est un mode de vie c'est c'est un modèle même
oui et vous
il y a beaucoup de gitans également
à Montreuil non
c'est
enfin des gitans il y en avait dans les années
je vais vous di- les années justement soixante-dix tout ça il y en avait beaucoup c'étaient vraiment des rues
oui
de gitans
oui
mais c'étaient pas les mêmes gitans que maintenant
les gitans de maintenant c'est plus des Roms que
oui
les Roms c'est des immigrés un peu je vais pas enfin je vais pas
euh c'est
les critiquer mais c'est des gens que
qui ne se montrent pas ils vont les anciens gitans ils allaient dans les cafés on discutait avec eux
ceux là ils sont tout seuls
ils vient en
pour l'instant
ils vivent là on sait même pas comment ils vivent donc euh euh
je sais pas il y a beaucoup de mendicité enfin je pense que c'est un traffic organisé par des des Roumains aussi eux-mêmes hein
donc ceux là
vous les connaissez pas
ils c'est juste s'ils vous
demandent une pièce Monsieur pour manger ou quelque chose donc ça c'est pas
et sinon
donc mm
les gitans de Montreuil
ouais je c'était l'avenue de la Résistance qui
il y avait plein de maisons il y avait que des gitans
mais c'est des gitans qui faisaient de la ferraille qui faisaient
je sais pas hein
mais ça il y avait pas de lien spécial
ils étaient bien habillés ils étaient avec leurs voitures c'est c'est des vrais gitans
mais les les
euh ceux qui viennent les Romanichels qui viennent de Roumanie
là c'est pas c'est pas la même chose
vous avez vous avez eu des contacts avec ces Gitans
les Gitans oui oui bien sûr
oui oui
oui c'était il y avait des cafés donc euh
vous vous entendiez bien avec eux
ben c'est pas c'est pas
une question d'entente c'est-à-dire que
quand vous descendez du métro euh
pour monter au foyer il y a peut-être quatre cent mètres euh
en sortant du métro vous vous arrêtez pour boire un café ou fumer une cigarette
ils sont là euh
bien sûr vous discutez cinq minutes
donc on se cotoyait
c'était s- sympathique
et voilà
et
ils ils vous offrent un verre on
vous
un verre ouais plus ou moins
mais
sans vraiment rentrer dans leur vie
oui
ou
pas
alors que le les gitans de maintenant non
c'est pas c'est pas les mêmes quoi
et avec les
le
les vieux ouvriers français c'était aussi un endroit où il y avait beaucoup de de de gens d'origine française enfin
alors ouais ouais bien sûr il y avait
quoi qu'on
c'est
français de souche comme on dit
ben
dans une usine il y a toujours le en général les les métiers les professionnels c'étaient souvent des Français
et les
les petits travaux enfin les manoeuvres les manutentionnaires et autres
et là il y avait de
de de l'amitié
c'étaient des immigrés
ouais
de la camaraderie de la solidarité ou pas du tout les groupes étaient
solidarité non je crois pas mais il y avait quand même le le respect le bonjour c'est tout c'est pas
mais c'était superficiel
ouais tout tout est superficiel ouais
c'est pas de
donc vous racontez un monde vous voyez vu de loin on se dit
Montreuil ça doit être sympathique le melting pot euh non
en fait
non mais
les gens sont juxtaposés
ça peut-être que les cet idéal vous pouvez le trouver chez les
les types qui font de l'associatif qui vivent
qui ont des associations ou autres mais pas
et vos enfants alors
mes enfants ils je pense qu'ils ont pas une vie à Montreuil
ils ont grandi là quand même
ils ont
mais ils ont ils ont fait l'école comme on habitait à ils sont nés à Paris ils ont fait l'école à Paris jusqu'à jusqu'au bac
ah d'accord
donc après ils ont fait
c'est des Parisiens du onzième
voilà donc mon fils par exemple quand il s- il sort le soir il me dit je vais dans le onzième
donc avec
et
il vit encore avec vous
ses copains d'école
il vit il vit avec nous sans sans vivre avec nous là il est là il est pas là
d'accord
ouais
oui
donc ils ils ont gardé leurs copains de Paris hein je pense
ils ont pas des copains sur Montreuil
vous étiez content de l'école parisienne
enfin
dans le
onzième ils allaient où euh
euh
ils ont fait le
l'é- l'école primaire c'est à Saint-Maur
oui
le collège à Alain Fournier
oui
et
après c'est à Nation là le le lycée
à Hélène Boucher
Saint-Michel
non pas Hélène Boucher
euh
ah Turgot
Turgot c'est ma fille et mon fils il était à
c'est pas Hélène Boucher il y en a un autre à quoi juste à côté je sais pas comment il s'appelle celui qu- c'est là à côté
c'est moi qui ne sait plus
enfin c'est à côté d'Hélène Boucher je me rappelle pas comment il s'appelle le lycée mais il était là
et vous étiez content
de
des écoles du collège du lycée j-
euh ben
vois que ça a très bien marché
ben moi j'ai j'ai fait de enfin j'ai fait de manière à ce qu'ils restent à à l'école
parce que quand on est partis ils étaient encore au collège donc mon fils il était en sixième quand on est partis
et il a fait donc j'ai je l'ai laissé à Paris donc euh
je me débrouillais pour l'amener le matin
je voulais pas le
l'amener sur Montreuil à l'école donc c'est un peu de ma faute j'aurais parce que j'aurais pu l'inscrire au collège
pas de votre faute si je comprends bien vous
ben c'était un choix
euh ouais
êtes plutôt content du résultat quand même
même je pense
ça a bien marché
même à à
je pense qu'à Montreuil il aurait fait la même chose hein
oui d'accord
c'est pas
vous pensez que c'est pas un problème de de
non
non je crois pas non
différence de qualité
vous leur aviez mis dans la tête que les études c'était important et que donc il faut
marcher
oui ça a marché mais ça aurait pu ne pas marcher aussi hein c'est pas
je veux pas dire c'est grâce à moi
mais la peur de de la banlieue
a fait que je les ai gardés à à
et vous pensez que vous avez exagéré
je crois que je
je crois que j'ai j'ai exagéré ouais
c'est pas c'est pas vrai
c'est
je pense que mon fils il aurait pu être ingénieur tout en étant à Montreuil
c'est intéressant ce que vous dites
les gens ont tellement peur de
oui
pareil ou à Bobigny ouais
non non mais je suis sûr
je suis sûr et certain oui
d'accord
c'était c'est euh
au départ je j'avais cette
mais j'ai vu après les les gens qui travaillaient avec moi qui ont pris leurs enfants et les ont mis dans une école privée et tout ça et ils ont pas eu le même parcours
alors que l'é- l'école de
là le cours préparatoire où ils étaient c'était quand même une zone prioritaire hein c'est enfin comment une zone
oui une zone d'éducation prioritaire
comment ils ap- ouais
c'est ça
oui
et donc ils ont fait leur
leur école primaire là-bas ou le collège Alain Fournier c'était pas il y avait quand même c'était pas te- terrible non plus
ah oui
c'était pas terrible mais
disons que
vaut mieux ça
vaut mieux
travailler mais bon
on s'est dit euh vaut mieux ça que d'être en banlieue
il y avait la peur de la banlieue mais c'est pas vrai
parce que je vous dis les gens ils ont mis leurs enfants dans des écoles privées et tout ils ont pas été
ils ont ils ont pas été jusqu'au bac
la plupart en troisième euh ils
alors que
et alors votre recette pour que ça marche c'était quoi
comment
le secret
ça a bien
non
secret
est-ce que vous avez
il y avait pas il y a pas quelque chose de spécial
je crois que pff
je pourrais dire c'est c'est peut-être la présence
vous étiez très présent
ouais j'ai je crois que j'ai été peut-être même un peu trop présent je pense
vous le père
plus que la mère
tous les deux mais chacun son
moi j'étais plus euh
pff
vous avez suivi l'école
ouais ouais ça c'est
suivre l'école pas pour leur apprendre parce que
après on s'est moi j'ai jamais été à l'école moi
oui
donc euh
non mais pour dire euh fais tes
euh non
devoirs
je je dis pas fais tes devoirs moi je regarde les notes je regarde tout donc euh
et je parle avec les professeurs je
dès qu'il y a un léger quelque chose
euh
là je vais vous raconter une anecdote comme ça
c 'est que
il y a des visites annuelles où on peut voir tous les professeurs
donc j'ai on a vu le
quand un élève travaille bien vous restez pas longtemps avec le professeur
vous allez il vous dit ben votre fils il est bien félicitations
au revoir
et
il restait un professeur c'était un professeur de de technologie
et mon fils il m'a dit non c'est pas la peine d'aller le voir c'est techno
je lui dis si si on va aller le voir
et on était le voir c'est là où il y avait un problème
le le professeur il lui a dit alors tu as parlé à ton père de l'heure de colle que tu as eue euh
après il m'a dit il a mangé un chewing gum bon c'est pas
hein
bon c'était un détail
oui c'était un détail mais enfin c'est
mais oui
vous vous avez suivi vraiment tout le temps de près
tout le temps je pense qu'ils avaient peur de faire des bêtises
sans sans vraiment je
est-ce que ça veut dire aussi
que
vous ne les laissiez pas jouer dans la rue
non
ah ça c'est négatif ouais
retour à quelle heure à la maison
c'est pas retour c'est
directement
par exemple
jusqu'en
mon fils jusqu'en troisième j'allais le chercher à l'école le soir je voulais pas qu'il traîne dehors
vous alliez le chercher
ouais ouais
vous étiez très inquiet quand même
pas très inquiet mais enfin je
je voulais que ça soit comme ça
et je crois que
ça a peut-être ça l'a ai- aidé à à mieux travailler je pense
maintenant est-ce que c'est bien ou c'est pas bien ça je ne sais pas mais
vous savez si ils ont eu des amis
euh indépendamment justement de le de l'origine arabe est-ce que ils étaient amis avec là encore des
des Africains des
si mon fils il me
me mon fils
ou des Français
je connais plus ses
ses copains enfin ses amis ou ses copains
c'était tout autour de l'école ou des colonies de vacances
ma fille c'est un peu plus
elle est plus secrète et
c'est pas pareil
lui c'est plus euh plutôt c'est tout le monde c'est c'est pas africain ou euh
donc
il est il est bien avec euh des Arabes avec des Chinois avec euh il connaît plus
avec des Français de souche
avec des Français de souche
pas de problème
ouais
pas de problème non non
donc au fond pour vous il y a eu une juxtaposition de communautés mais
pour vos enfants ça a déjà été plutôt un mélange
ouais c'est ça et ça je regrette ne pas
leur transmettre justement ce parce que pour moi c'est important je crois que c'était
vous n'avez pas pu transmettre
ce côté communautaire ouais
oui
ça je
mm
vous m'avez
dit que votre fils se sentait quand même plus Algérien
oui il se sent mais c'est pas
c'est-à-dire avoir le
l'esprit village tout ça ils l'ont pas
bien sûr
et qu'est-ce que vous avez pu faire pour maintenir ça les langues vous avez parlé
arabe
non
non pas
non non ça aussi je regrette
donc vous avez c'est vous vous avez choisi de leur parler
non j'ai pas choisi
en français
c'est c'est comme ça c'est
parler en français
c'est c'est
c'est la vie de tous les jours hein
et c'est
et leur mère est Algérienne
euh non elle est pas Algérienne elle est Réunionnaise
ah d'accord donc vous n'aviez pas la langue en commun c'est ça
eh non
le problème hein
donc euh
si on n'a
pas la langue euh c'est très difficile
c'est c'est
la mère peut pas parler arabe
c'est la mère qui transmet justement
oui
c'est le problème des mariages mixtes en général hein c'est le
donc vous n'avez pas réussi à transmettre l'arabe
non
et ça vous désole
oui
et ils n'ont
c'est pas seulement la langue hein c'est même le
je sais pas moi les les les
le la façon de de vivre à fond le
je sais pas le
je sais pas comment vous dire la façon de vivre à fond
ou de penser communauté
oui
d'accord
c'est c'est
mais on a voulu
c'est peut-être égoiste mais
non non mais
vous l'avez voulu
c'est important
ce mélange à un moment donné
non je c'est p- ça vient ça vient pas comme ça c'est pas on le veut pas on choisit moi j'ai jamais rien choisi finalement c'est ça que je je me dis maintenant hein
j'ai jamais rien choisi c'est tombé comme ça et
et c'est resté après on se dit euh
quand on essaie de faire on trouve qu'il y a des barrières
c'est ça hein
et alors
on choisit pas hein
les enfants se sont intéressés à un moment donné à leur origine arabe
vous êtes passés partis en vacances
on est partis en vacances quelquefois mais enfin c'est pas
vous êtez de quel endroit
de Kabylie moi
en Algérie dans dans les montagnes de Kaby-
on est partis bien sûr en vacances mais
on est partis aussi à La Réunion donc euh
on a fait les deux
et alors
ils n'ont
ils ont moins accroché à la Kabylie
non enfin c'est ils ont accroché nulle part je pense c'est rien
c'est des Parisiens Parisiens quoi
ouais c'est des Parisiens Parisiens
ça
ça c'est un échec
oui je comprends bien
ce que vous dites
cette impression que
ça
où ça va
oui c'est
c'est un échec
parce qu'à un moment dans la vie quand même
je vous donne deux exemples hein
prenez un vieux en F- par exemple en Europe en France ou ou en Kabylie c'est ils ont pas la même fin de vie
la la fin de vie d'un
d'un type qui est en France c'est c'est un type qui finit s- dans la solitude
en Kabylie non
en Kabylie on finit mm-
à la limite même si on a on est on a pas envie de mourir en Kabylie on a on a envie de vivre
parce que c'est
il y a un sentiment de très grande
solidarité
ouais il y a un ent- il y a un entourage il y a un entourage
ici on
vos enfants et
le père il est malade ben on va essayer de le placer et on le place dans un truc et
et il est avec d'autres vieux qui qu'il ne connaît pas
ou même dans sa tête puisqu'il est
il est malade donc il va
c'est une fin de vie terrible hein
qu'en qu'en Kabylie vous f- je sais pas moi je crois qu'on meurt dans
vous avez une vision bien noire quand même parce qu'autour de moi je trouve que mes mes amis qui
ont la chance d'avoir encore leurs parents
euh sont plutôt attentifs et proches quand même
ouais mais
peut-être pas
c'est vrai il y a pas
les moyens faut avoir des moyens
vous savez les gens quand ils ont les moyens
de payer ou autre bien sûr on peut bien s'occuper de leurs parents ou autres mais les gens qui n'ont pas les moyens c'est ils vont dans les mouroirs
ou dans les
alors que une grand-mère en Kabylie elle est elle meurt c'est dans le lit et sur les bras de sa fille ou de de son fils ou
pour ça il faut une fille qui ne travaille pas
il faut une fille qui ne travaille pas pour ça
même même
vous avez même et
oui justement pourquoi pourquoi
hein le travail des
femmes
pourquoi pourquoi tout le monde travaille
moi je je sais pas c'est
les femmes en Kabylie travaillent beaucoup
oui
déjà quand elles ont des enfants c'est c'est un grand travail
oui
et en plus elles ont les le jardin elles ont
euh je sais pas des des arbres fruitiers la femme Kabyle e-
elle est très active
là on oblige les gens pour que bien vivre à Paris ben il faut que vous et votre mari travailliez et gagniez deux salaires
le Kabyle il il a qu'un salaire et ben ils arrivent à vivre quand même
mais votre fille a gagné de l'indépendance
oui
c'est elle elle a gagné de l'indépendance
mais c'est pas une réussite de
c'est ça c'est tout un modèle de vie
ouais
euh
qui vous pèse là hein
ah oui il me pèse beaucoup
ça s'entend que
ouais
oui
hein
mais bon
euh vous vous sentez
Parisien
non pas du tout
banlieusard
non même pas
alors vous diriez quoi
ben je suis Kabyle
Kabyle oui
ouais vous savez quand euh
je ne sais pas si c'est que ça fait ça à moi ou autre
mais vous avez des racines quelque part
quelque quelqu'un mes enfants n'ont pas de racines
moi j'ai des racines
j'ai des
je sais pas j'ai des souvenirs de
de faim j'ai des souvenirs de froid j'ai des souvenirs de
de peur même
mes enfants ils ont
vos enfants ils ont des souvenirs euh d'autres
émotions
non
et d'autres souvenirs
je crois pas non ça reste pas les émotions qu'on a à Paris
vous sortez vous allez chez le marchand de glaces vous de- vous achetez une glace et ben vous l'oubliez
vous allez
je sais pas acheter une crèpe ma- manger chez Mac Donald c'est pas c'est pas des souvenirs ça non
non c'est les souvenirs c'est que vous sortez de la maison vous voyez un serpent vous avez peur vous allez crier à votre mère qui va vous enfin c'est je sais pas il y a le
c'est la vie même qui vous semble artificielle dans ces grandes villes modernes
bien sûr qu'elle est artificielle la vie il y a pas de vie à à Paris euh c'est
c'est
je pense c'est
c'est des films
vous voyez un film vous l'oubliez ou vous le gardez en tête mais c'est pas
et alors
entre autres il y a le problème de la nature elle vous manque beaucoup
euh la nature pff ouais bien sûr ça vous manque quand vous êtes dans un petit village euh
c'est pas la même ch- vous dormez pas comme si vous êtes à Paris avec le bruit des voitures ou
et vous avez pu alors vous avez essayé de
de les emmener au maximum ou d'aller vous-même
ben on a été on a été euh quand on a pu
oui
parce que vous pouvez aller quand vous voulez aussi hein vous avez euh
oui ça coûte
les vacances au mois d'août
cher
ça compte oui
oui
le prix à la limite non parce que ça dépend comment on vit hein
quand on prévoit des choses on peut on peut le faire c'est pas une question de
de moyens mais c'est surtout une question de
d'obligations
vous êtes obligé de partir du quinze au
du quinze au vingt-cinq
le quinze au vingt-cinq vous trouvez pas de place c'est complet
pour l'Algérie par exemple c'est un problème énorme hein
ch-
chaque fois que vous cherchez à partir vous avez pas de place dans l'avion donc euh
pff
ça ils l'ont pas les les enfants
ouais
c'est un
mes racines moi c'est mon village là où je suis né c'est c'est ça le
vous avez de la famille encore là-bas
non j'ai plus de famille non
m- mes parents sont morts donc euh
depuis longtemps même
parce que moi je suis un fils de vieux
et alors donc euh quand vous retourniez c'était pas chez les tantes et les
ah non non non
non non non
non mais
cousins
non non le pas non c'est des petits villages donc chacun a sa maison ou la maison de ses parents
donc vous avez gardé une maison
oui oui bien sûr
ouais c'est la maison où je suis né donc
vous pouvez faire l'aller et retour
oui oui bien sûr je
non mais je
pensais à la retraite vous pouvez décider
ouais mais c'est mais c'est
de passer six mois six mois
faire des allers et retours c'est c'est du vagabondage c'est pas
non c'est pas ça la vie
ah d'accord
si vous si je suis là-bas dans mon village et puis euh mon fils il est en Suède ou il est je suis pas content
mais en même temps euh de Paris vous avez quand même peut-être quelques quelques avantages aussi rien ne vous a
si vous avez la
intéressé euh vous n'en vous n'en profitez pas du tout de Paris
non
je dis Paris au sens général hein
non
non
non non
non je pense pas non
donc euh
ni je sais pas euh
il y a il y a des tas d'associations dans lesquelles on peut faire euh je dis au hasard de
de la photo de ça vous n'avez
ouais mais ça j'ai c'est il faut l'avoir mais j'ai j'ai pas ça j'ai pas
j'ai pas envie de faire
mais vous ne vous dites pas que à la retraite ça pourrait commencer vous vous découvrez je sais pas une
non j'ai pas de passion non
passion pour
non c'était
ça serait vraiment le retour à la terre
ouais c'est ça ouais
ouais
c'est le retour à mes racines mais avec tout ce que j'ai mais
je peux pas avoir tout ce que j'ai
ce que j'ai bien sûr c'est la la famille hein c'est pas
c'est des des enfants ou autres si je suis en Kabylie et que mes enfants sont pas là ben c'est pas
c'est pas terrible
je comprends le problème bien sûr
non
c'est pas d'ailleurs un problème simplement d'immigration
oui oui c'est un problème de tout le monde oui
non mais
les les gens qui vivent encore à la campagne
les enfants
ouais ouais
ouais ouais
c'est pareil en France
c'est pareil partout ouais
euh
du du point de vue du langage
donc vous m'avez dit que les enfants n'ont pas appris l'arabe ils ont appris le créole
non même pas non
non
non
oui
et sur leur façon de parler français v- vous avez des
des choses qui vous frappent
qui ont qui vous déplaiesent qui vous plaisent
non non mes enfants ils sont enfin ils ont fait des études supérieures donc ils le français je pense qu'ils le connaissent comme
ah comme
comme
les Français oui mais je parle de l'oral du français
de tous les jours
euh est-ce qu'ils ont des traces de ce qu'on appelle le langage des jeunes par exemple est-ce qu'ils ont parlé comme ça euh
non non
jamais
je pense pas non
non non ils ont
ils ont parlé
vous avez imposé
le
non j'ai pas imposé c'est venu
c'est venu
tout seul
tout seul
ouais
oui
d'accord
on parle normalement à la maison donc ils parlent comme
je pense que ça les enfants ils doivent suivre un modèle
peut-être que dehors ils parlent en argot et tout ça avec leurs copains mais pas à la maison
mais pas chez vous
enfin moi je les ai jamais entendus non
et alors dans la façon donc euh
dans le français qui circule dans la rue est-ce que
à Montreuil il y a des choses qui vous frappent ou qui vous
non j'ai pas remarqué ça non
donc
je sais que les jeunes ils parlent comme rappeurs et tout mais enfin c'est c'est
à vous quand on vous parle à vous en tout cas
c'est c'est pas
oui
c'est il y a pas de problème hein c'est
je pense que les jeunes ils parlent normalement hein moi je j'ai pas remarqué quand ils parlent entre eux c'est ils ont des codes ou je sais pas ils parlent à l'envers
oui oui ça c'est des mots on entend
oui mais c'est
ouais
dans le métro mais
ça ne les empêche pas de parler
bien sûr correctement
correctement et
vous ne
je pense que même les les jeunes de maintenant
ils sont peut-être plus révoltés que les
les jeunes d'avant
mais ils sont beaucoup plus polis que les jeunes de d'avant les gens de maintenant
ah c'est intéressant
ouais ça c'est
ce que vous dites là parce qu'
on entend tellement dire que les jeunes sont malpolis
non non c'est
qu'ils parlent
n'importe comment euh
non ben non
c'est pas du tout votre impression euh
je
non
je pense qu'ils sont
ils sont révoltés parce que bon il leur manque beaucoup de choses
on leur met plein de vitrines
auxquelles ils peuvent pas accéder
donc ils
cette crise
bien sûr
forte
je pense qu'un jeune qui prend les baskets à
à un enfant de riche
pourquoi
c'est parce qu'il
oui oui
on peut pas l'excuser parce que c'est pas normal mais on on peut comprendre le geste
c'est
à Montreuil c'est
ça c'est beaucoup accentué dernièrement le la pauvreté vous sentez ça dans la ville ou pas
ah la pauvreté elle a elle a toujours existé mais peut-être
plus toujours à cause des besoins parce que les gens ils ont plus de besoins qu'avant
la pauvreté elle s'est accentuée parce que
vous avez le système du chômage en France
vous ils vous parlent sept pour cent ça a diminué et tout ça c'est les
les intellectuels qui font des chiffres qui tapent à la machine à calcul mais dans la réalité c'est pas ça
vous avez par exemple bon
moi j'ai travaillé avec un
un monsieur qui a à peu près mon âge il a un an de moins ou deux
il fait des
depuis qu'il a plus de travail il fait des missions d'interim six mois là trois mois là quatre mois là
et quand il était en fin de droits il a retravaillé encore des intérims et tout et
il f- je crois que
il faut seize mois pour pouvoir euh
bénéficier encore du taux de solidarité de chômage
et
ils l'ont convoqué il lui manquait je sais pas quelques jours
sept ou huit jours
oui
il a été complètement enlevé du chômage
c'est-à-dire il n'a plus droit au chômage du tout
pour sept huit jours
sept huit jours
ah oui c'est d'une
il a eu
brutalité incroyable
c'est terrible donc il est plus dans les statistiques du chômage alors qu'il il est chômeur sans salaire et il y en a beaucoup de cas comme ça
ou bien on enlève du chômage et on le met au R.M.I
un R.M.Iste il est pas comptabilisé comme chômeur
c'est ça qui fait baisser les chiffres du chômage
d'accord donc vous vous avez au contraire l'impression
ah moi j'ai
que c'est stable ou
que ça augmente même
ça augmente tout le temps
oui
ouais ça on diminue le chômage mais on augmente la pauvreté
et
quelqu'un qui sort du chômage il va au R.M.I
vous voyez les gens changer de consommation autour de vous ou pas vraiment
non non non on voit pas vraiment la l- parce que même à la limite s'il a un portable et c'est donc je vous dis
c'est il y a des choses quand même qu'on
il y a beaucoup de travail au noir ça c'est ça c'est
certain aussi
je pense que c'est la plus grosse entreprise française
c'est
les travaux dans les maisons
dans les maisons pas je vous connais vous me dites vous pouvez me faire mon plafond l'autre il me dit vous me réparez mon robinet bon des trucs comme ça
les gens se débrouillent comme ça
donc
disons à la fois il y a
on triche sur le chômage mais en même temps il y a une économie
ah pas oui oui
parallèle
oui oui de de que les gens vivent hein
et la les problèmes de de drogue et de revente de drogue c'est important à Montreuil
enfin moi je je consomme pas
oui mais
donc j'achète pas je
on sait
c'est vrai qu'on a vu euh
il y a une
vingtaine d'années sur Montreuil même sur la ligne de métro hein c'était on avait même peur de prendre le métro
hein ça
on voyait des jeunes qui sifflent là-bas et tout
on voyait des casquettes sous les chaises
on comprend bien que c'est
mais on voit beaucoup moins mais la drogue elle a toujours existé
et
donc
on voit moins quand même
ouais puis ça ça çaje pense c'est pas les pauvres qui font ça hein
la drogue hein
en général c'est des
c'est des gens qui ont des belles voitures c'est
puis sous què-
vous pensez que ça s'est un peu déplacé le traffic et qu'on
le traffic il y en a partout
on voit moins
du traffic de drogue hein
oui
partout je pense hein dans le seizième comme dans le
quatorzième que à Montreuil
ça
je sais pas la la drogue à Paris enfin
dans la région parisienne il y en a mais
mais franchement moi j'ai jamais acheté j'ai jamais fumé
je
non non non
je je vous le dis
ah c'est pas ça que je voulais dire oui non mais on se rend
compte quelquefois si c'est
ça se voit pas comme ça euh c'est c'est caché ça c'est c'est pas
ça s'est vu il y a une quinzaine d'années on voyait les gens mais
ça c'est des trucs cachés quoi le le type il
a ses clients où là ils vont le voir il leur vend mais moi je
ça se sent pas plus que ça
non ça se sent pas non
non non
et
euh sinon vous vous souvenez de
comment on va dire d'incident euh
particulièrement marquants à Montreuil
alors que ça soit lié euh
négativement à des problèmes de sécurité ou au contraire
mm des moments d'entraide forte ou il vous est arrivé à vous euh
non
non que- quelque chose qui marque le plus si je vous dis c'est la vie euh dans
par exemple dans la les quartiers de Montreuil
il y avait beaucoup d'artisans il y avait beaucoup de
beaucoup d'industries il y avait beauc- il y a plus personne il y a que la B.N.P. et il y a que des bureaux partout
les normes
donc je pense que le maire de Montreuil en perdant le
l'industrie
il a remplacé ça par les bureaux euh
donc Montreuil c'est une ville qui est restée pratiquement pas chère jusqu'à
pff oh une dizaine d'années peut-être maintenant
maintenant il y a
ça explose le
immobilier
Montreuil c'est fini eh
ça explose même plus qu'ailleurs
oui
alors on voit il y a une population qui a changé
on rencontre plus les mêmes gens dans les mêmes quartiers on voit plus les mêmes lumières on p- les mêmes bâtiments
ça c'est
c'est un changement terrible ouais
mais euh vous dites terrible vous le regrettez
ah mais bien sûr
ouais
mais vous vous rendez-compte vous vous promenez comme ça et vous avez pas de travail et on vous conc- on v-
on vous invite à aller travailler et maintenant vous allez à l'A.N.P.E. vous faites la chaîne pendant six mois et ouais
vous avez rien
même pour le logement avant sur Montreuil on pouvait se loger facilement
maintenant c'est très très difficile
mm d'accord
euh
donc
là encore hein
de façon générale
vous diriez que
tout ça est négatif
alors du point de vue de la vie politique euh Montreuil c'était une ville rouge elle est devenue verte
ouais ouais
donc euh
c'est d'ailleurs grâce aux rouges qu'elle est devenue verte hein
ah ça vous en savez plus que moi
sur
non mais moi je lis les tracts comme vous comme la campagne électorale
si Voynet a si si Bras il avait accepté que Voynet
s'allie avec lui
il serait toujours le maire et elle serait adj- première adjointe pour le prochain mandat mais il il était trop gourmand
et donc vous voyez
que ça que ça entraîne des différences dans la gestion de la ville
tout de suite ou pas finalement
moi je pense que
enfin
je
ça c'est des cas où c'est que que j'ai vu
il y a il y a un monsieur qui est qui habite dans un un logement avec des enfants il est trop petit
donc il lui ont enlevé l'A.-
comment on appelle ça l'A.
l'aide au logement
l'A.P.L. comme quoi il a pas assez de surface par rapport au nombre de gens
mais ils l'ont pas relogé
ils l'ont pas relogé
et
je me rappelle il y a
il y a deux ans j'ai j'avais écrit pour lui au maire de Montreuil pour le recevoir pour lui expliquer son cas
il a été reçu
oui
et là depuis qu'il y a Dominique Voynet je lui ai écrit trois fois et il n'a jamais eu de réponse
c'est terrible comme
donc vous pensez que Dominique Voynet
enfin c'est pas elle-même je pense c'est c'est son entou- ouais
a une gestion enfin son son équipe enfin
finalement une gestion euh moins favorable aux gens pauvres
enfin
elle s'occupe du
à cette par rapport à
vélo ou je ne sais trop quoi
à ce- à cette
mais pas du logement
par rapport à cette personne oui
parce que
la lettre que j'ai expliquée que déjà lui il a il a pas d'argent
donc il est pratiquement un cas social
et que si on lui enlève ça hé
il est il est foutu quoi c'est
le le logement il habite dans un
logement privé il paie six cents et quelques euros par mois
avant i- on lui remboursait quatre cents et quelques euros et ces quatre cents euros il faut qu'il les donne
donc si c'est les allocations des enfants c'est sur euh il n'a pas de réponse ça fait deux mois
j'ai fait deux courriers il y a pas de réponse
alors qu'avec l'ancien maire il y avait une réponse et là il l'a reçue il a discuté avec lui
mais ça n'a pas arrangé non plus les choses si je comprends bien
ça n'a pas arrangé les choses donc mais
peut
au moins il savait
être que peut
être quand la deuxième
ou la troisième fois ça se- aurait arrangé les choses
et là pas de réponses du tout
donc Dominique Voynet ou quelqu'un d'autre hein
pour certains c'est bien mais c'est toujours comme ça la politique
c'est toujours bien pour quelqu'un et puis euh malheureusement pas bien pour beaucoup d'autres
mais sinon vous voyez aussi changer alors ça serait plutôt le plan des transports
vous il y a des choses qui se passent euh
Montreuil
du côté
non
de leur politique verte hein euh théoriquement
non non je vois pas non
non
non
pour l'instant c'est
pour moi non
je pense qu'elle doit elle doit continuer tous les contrats qu'il a signés le maire de Montreuil déjà
je pense qu'il a
je pense qu'il a que des pa
ça peut pas être
rapide non plus
ah mon
à mon avis oui parce que bon hein
il y a eu des projets
qui ont été signés sur quatre ou cinq ans
elle sera obligée de
de les maintenir
à
à Montreuil il y avait une vie associative très forte hein
elle y est toujours je crois hein
elle y est toujours
ouais ouais
mais vous êtes complètement en dehors
ouais je suis en dehors des associations
et vous n'auriez j-
pas eu l'idée euh
non c'est ma vie j'ai pas envie c'est c'est j'ai pas envie hein
d'accord
je sais pas
c'est certainement ça apporte beaucoup mais moi ça m'apporte rien
et j'ai pas envie d'y aller là-dedans
mm mais en même temps vous aidez vos
vous aidez vos voisins
ça c'est individuellement des gens quelqu'un qui vous sa- c'est des gens vous les trouvez ils connaissent pas les associations
les associations il faut aller les il faut s'adresser à elles
eux ils s'adressent pas aux gens
ça c'est quelqu'un que vous voyez et il vous montre une lettre pff il a plus d'argent
qu'on lui a enlevé ça donc euh
donc vous vous savez au moins comment faire et du coup c'est
j'essaie de
de
c'est des c'est des problèmes des assurances des
ça les associations ils y ils y vont pas
Que choisir ils ont des
je sais pas moi des des bulletins et ils parlent à la télévision mais les gens ils ils connaissent pas tout ça hein
si vous avez par exemple quelqu'un qui habite dans un
dans un foyer de
à Paris il y a des foyers de vieux
son assurance son contrat d'assurance il durait de- depuis je sais pas une quinzaine d'années il le il était à à
parce que les assurances tous les ans ils vous mettent une augmentation
donc pour quand vous rentrez débutant vous payez toujours moins cher
même
si vous êtes
si maintenant je prends votre logement
je vais l'assurer
je vais payer moins cher que vous
parce que vous avez eu des augmentations depuis dix ans
d'où il faut négocier les contrats de temps en temps
vous voyez c'est bien que vous me rappelliez ça
peut-être
oui non mais c'est
ça m'aidera à lire mon contrat
non mais là je vais
vous expliquer
oui
le le monsieur il était dans le foyer des vieux
je je voyais je lui dis mais tu tu paies trop cher la la
l'assurance
c'était cent trente-quatre euros et des pousssières
ben on a été voir deux trois assureurs
euh
il paie pratiquement cinquante euros par mois
au lieu de cent trente et quelques dans le contrat de l'autre assurance ils lui ont mis à
qu'il avait qu'il était assuré pour cinq cent mille euros je sais pas de matériel lui il a une radio il a une télévision
c'est c'est de la folie
dont il paie que cinquante euros au lieu de cent il a gagné pratiquement euh
c'est des des petites choses comme ça vous les montrez aux gens
vous avez un système de
des retraités qui ne gagnent pas beaucoup d'argent
en France il y a ce qu'ils appellent le
le minimum vieillesse
la plupart des émigrés ils connaissent pas
ils ont pas travaillé longtemps et même s'ils ont travaillé longtemps des fois comme il y a des absences et des des petites retraites
il y a un complément de ressources
mais ils le proposent jamais aux gens
quelqu'un qui ne connaît pas les assistantes sociales qui s'adresse pas il
oui parce que les assistantes sociales ne vont pas chercher les gens qui ne viennent pas
les voir
voilà
hein c'est ça
donc c'est ça oui et puis même
vous regardez le le type vous voyez qu'il gagne que quatre cent cinquante euros ou autre
vous lui dites et ben
tu pourrais avoir
tu vas chercher le dossier tu remplis et tu vas toucher ça
les gens ils arrivent à gagner quatre cents cinq cents euros de plus
ça ils le savent pas
c'est des systèmes cachés quoi
oui on a un système très protecteur quand même
ouais ouais ouais ben
mais à condition de le savoir
mm
ouais il faut il faut il faut connaître
d'accord
si vous connaissez pas
mais ça ça vous intéresse quand même vous avez su euh
je vois que
oui ça m'intéresse oui
oui
ouais excusez-moi
je vais bouger
j'espère que
si vous voulez être tranquille pour répondre je
non non non non
c'est
oui
bonjour
bonjour
tu vas bien
ça va et toi
mm
j'ai eu ton message
et tu tu veux toujours aller à la brasserie là pour faire le truc ou là
eh attends que
tu veux le voir quand
ben euh
cet après-midi
d'accord tu tu m'appelles comme ça je le contacte et il va t'organiser ça tu appelles quelques amis et
ouais
non non c'est aux Buttes-Chaumont
où tu vas
ouais
si tu veux à ce soir je t'amène là-bas à boire un café et puis tu euh
pas ce soir c'est juste
et ben
ouais mais c'est bien c'est bien c'est pas c'est pas trop grave
ben sinon dès que tu as cinq minutes tu me le dis on passe là-bas
d'accord
allez bonne journée
eh ben ça marche tu vois ça
ah ben il faut attendre la réponse
d'accord salut Rabeh
excusez-moi
mais c'est moi
ça c'est un monsieur qui est
qui est en train de faire un
enfin il il a fait un
un C.D.
ouais
donc euh
une télévision qui veut le suivre mais il cherche un café où
il va rentrer ils vont l'interviewer tout ça euh donc
d'accord
je vais lui
trouver quelque chose pour
oui les cafés vous aimez bien vous les vous av- vous avez
c'est un endroit très convivial les cafés hein
le café c'est c'est mieux que la mosquée c'est mieux que l'église
oui
c'est mieux que la synagogue
mais vous savez le café c'était l'endroit des hommes dans le midi de la France hein j'ai vécu longtemps dans le midi de la France
quand les femmes étaient à l'église et les hommes étaient au café
c'est très important
oui
le café ouais
pas maintenant hein
maintenant les cafés ils ont changé aussi hein
alors vous n'avez pas de café
non
à
Montreuil
si il y a si si il y a un café à
où il y a justement euh il fait hôtel
donc la plupart c'est des immigrés comme moi qui sont presque à la retraite ou qui
de Kabylie
de de le les gens qui tiennent ça c'est des Kabyles oui
mais enfin les il reçoit tout le monde hein il y a pas que des Kabyles il y a même des Roumains qui habitent dedans
c'est un café où on v- on n'essaie pas de vous tirer de l'argent quoi il y a des cafés où
on essaie de vous tirer de l'argent
là vous allez vous prenez un café personne vous demande il faut reprendre ou vous restez vous discutez il y a des gens qui jouent aux dominos euh
ils cherchent pas à
par contre les brasseries euh
c'est intéressé il faut boire beaucoup il faut consommer là c'est pas pareil
enfin c'est le café d'habitués
voilà c'est donc ça c'est c'est des gens vous rentrez c'est
donc quand même vous avez au moins le
ouais même
les cafés
mais enfin ça fait pas c'est c'est pareil c'est pas
je suis d'accord bien sûr
mm oui qu'est-ce que je voulais vous demander comment comment vous faites pour vous déplacer
moi je me déplace beaucoup en voiture
vous êtes venu en voiture là
là je suis venu ouais et j'ai mis le parcmètre jusqu'à treize heures dix
donc euh
je risque un P.V.
non mais alors
on va s'arrêter
hein on
ben c'est
j'avais juste une dernière
question sur les moyens
d'information est-ce que vous vous intéressez aux
euh
aux informations sur Montreuil et est-ce que vous suivez comment
eh ben les informations euh pff
la télé
la télévision
internet
comme tout le monde hein
internet non je suis
non
pas
très très branché ordinateur
vous n'êtes pas ordinateur
non
c'est les enfants pas vous
les les enfants oui bien sûr ah ils sont ordinateurs mais moi non
moi j'écoute je regarde beaucoup la
les émissions d'information bien sûr la chaîne
F.R.3
F.R.3 c'est c'est
non c'est pour avoir les
ouais
c'est plus
informations sur Montreuil
éventuellement
pas spécialement
non Montreuil non non vraiment non
le journal local vous le regardez
Montreuil euh
doit y avoir un
non je connais
non
pas
je connais pas du tout
oui
il y a un journal qui est distribué toutes les semaines
oui
dans Montreuil
oui
un journal dans la boîte aux lettres ouais bien sûr c'est
pas Montreuil c'est le quatre-vingt-treize en général
oui
donc Montreuil
pff
ben je regarde ouais
c'est le le journal qui est distribué sur le quatre-vingt-treize ouais
mm
et
qu'est-ce qu'il pourrait y avoir le Parisien sinon vous regardez
ah non j'aime pas Le Parisien non
non
d'accord donc c'est
non je crois que c'est un journal pour faire les mots croisés c'est tout c'est pas
c'est vrai
hum ça
c'est pas
dépend
il donne des informations locales justement
bof
plus de faits divers que de
non les informations je regarde la la chaîne parlementaire je regarde la
Arte je regarde La cinq
donc pas spécialement une vie locale au contraire hein
non non non
vous vous intéressez
à tout hein
en général mais
oui je regarde les informations
vingt-quatre sur vingt-quatre
quand je dors pas le soir
le quartier
le quartier pas plus
que ça
si je fais une insomnie je je zappe sur les e télé
ou
pour écouter les informations en continu ou quelque chose comme ça
écoutez je veux pas vous retenir plus
non non mais c'est pas grave
plus longtemps
enfin c'est pas
je ne voudrais pas être responsable d'un
non non
P.V.
non mais ça
ils passent assez souvent en plus
non
donc
non il faut qu'on fasse attention
et bien écoutez je vous remercie beaucoup
euh en fait vous avez une vie militante syndicaliste certainement très intéressante plus que de quartier hein le quartier c'est
non le quartier le le quartier je
ça n'existe pas pour moi les quartiers ça non hein il y a je crois pas
non il y a pas
merci
je vous en prie