bon euh j'espère que ça va marcher
ben je l'espère aussi
ben vérifie tu peux vérifier une minute
alors euh v- vous êtes tous les deux donc des parisiens et vous êtes euh nés où
alors moi je suis née à l'hôpital Saint Louis dans le dixième arrondissement et quand je et je suis rentrée dans chez ma mère qui habitait le rue de Meaux c'est une toute petite rue qui se trouve je crois que c'est dans le dixième ou dans le onzième
c'était un tout petit il y avait pas d'eau il y avait pas de gaz il y avait pas il y avait rien mais enfin voilà c'était à Paris
et tes parents euh étaient déjà là depuis longtemps ils euh eux-mêmes
ils ét- bon je suis née en mille neuf cent trente-deux donc ils étaient là au moins euh depuis dix ans minimum puisque j'ai eu un frère qui est né aussi à Paris
donc euh
donc deux parisiens du dixième
deux parisiens du dixième
la rue de Meaux je dois dire que j- je vois plus
avenue Simon Bolivar
qui va vers les Buttes Chaumont alors avant il y a une petite rue qui se trouve euh Jaurès
quand on est à Jaurès on monte l'avenue Simon Bolivar et c'est une petite rue sur la gauche je sais pas si l'immeuble existe encore parce qu'il était vraiment taudiesque
mmh et tu y as passé toute ton enfance
nan mon père a b- gagné f- sa vie et alors on a émigré dans le dixième rue de rue Tesson
qui était à côté de l'hôpital Saint Louis alors là on avait
deux pièces à trente-cinq mètres carrés
le luxe
le luxe quatrième étage sans ascenceur et les toilettes à l'étage
les toilettes à l'étage j'ai connu ça dans du côté de Marcadet
entre autres oui
et pas pas de bien sûr pas de douche hein
alors en bas de la rue il y avait une euh il y avait une douche
donc on allait
une fois par semaine
bains douches une fois par semaine on allait aux bains douches
oui
mais tu en gardes un souvenir de privation ou de d'enfance trop serrée
trop malheureuse trop euh
nan j'avais rien connu d'autre hein
je veux dire euh nan nan euh
pas du tout
donc on pouvait être heureux
quand même dans trente-cinq mètres carrés
on pouvait être heureux j'allais
j'ai eu le temps d'aller quand même à l'école maternelle dans l'avenue Parmentier j'ai des photos donc je me souviens plus grand chose mais je sais que j'ai j'ai des photos j'étais une jolie petite fille et puis j'ai fait quand même la première année d'école primaire toujours dans l'avenue Parmentier à côté de l'hôpital Saint Louis où là j'ai aussi une photo qui me montre avec un tablier noir
oui
c'est charmant pour les petites filles
oui un tablier on avait toutes des tabliers je sais pas et donc euh et après après il y a eu la guerre hein
et tes parents ont tout de suite compris qu'il valait mieux quitter Paris
pas tout de suite il y a eu l'exode
alors l'exode tu sais tout le monde est parti vers l'ouest donc mon père ma mère mon petit f- mon grand frère et puis je sais plus cou- il y avait la tante la cousine enfin on est partis vers la Bretagne
et tu avais des souvenirs de là des quand même six ans s-
j'avais euh sept ans
puisqu- sept ans c'est ça alors je me souviens de cette voiture mon père conduisait la voiture donc il conduisait c'était déjà exceptionnel il avait eu une voiture il était riche mon père il avait ren- tu te rends compte une voiture il savait conduire et puis il y avait comme puis il y avait pas de place dans la voiture je me souviens qu'il y avait le le g- le copain euh le grand ami de mon père il nous suivait en vélo donc on devait pas aller très vite
et on est arrivés donc dans une ville qui s'appelle Rostrenen j'ai un souvenir comme ça et puis quand mon père a vu que p- au fur et à mesure qu'on allait vers l'ouest les allemands allaient vers l'ouest on est rentrés vite à Paris et à ce moment là c'est mon père qui a décidé de ne pas rester à Paris et de partir
il était au courant de l'antisémitisme
allemand et donc euh il savait qu'il ne fallait pas
il fallait pas rester
mon père connaissait ce qu'il s'est passé en mille neuf cent trente-trois il était très au courant de ce qu- du nazisme
et il est parti dans d'un zone libre parce que tu sais qu'à Vierzon
il y avait une lo- une zone libre
donc il est parti d'abord à Nice parce que il avait sûrement un copain qui lui a dit de venir là et puis il s'est rendu compte qu'à Nice il fallait être très riche donc comme il était pas très riche il a été à b- à Toulouse
et il nous a fait venir l'un après l'autre c'est à dire mon frère et moi tous les deux tout seuls dans le train
tu as des souvenirs aussi de ce voyage
ah ça je me ça ça je me souviens j'avais oui oui j'avais neuf neuf dix ans par là je j'étais avec mon grand frère et c'est un cheminot qui nous a
hébergés
pas hébergés nan
qui s'est occupé de nous
ah s'est occupé
il nous a dit quand on arrive à la à Vierzon à la ville de Vierzon quand le train va s'arrêter vous dormez vous ne parlez pas vous si on vous réveille vous dormez et vous ne dites rien et ça je m'en souviens très bien
donc les cheminots
étaient plutôt euh
ce- certains cheminots étaient extraordinaires oui oui
celui-là oui il s'appelait Raymond je me souviens de son nom tu te rends compte
et quand euh les allemands sont rentrés dans le ca- dans le compartiment ils ont demandé les papiers à tout le monde et ils ont voulu nous réveiller et comme on dormait on f- XXX les gens les c'était encore le début hein les gens ont dit oh laissez ces enfants euh ils sont petits euh les embêtez pas et c'est comme ça qu'on est passé jusqu'à Toulouse
par contre ma mère elle elle a pas pu faire la même chose elle est rentrée ce fameux cheminot l'a mis dans le compartiment de frets c'est à dire des des bagages
et elle s'est cachée sous les sous les valises et c'est comme ça qu'elle a passé la ligne de démarcation ma cousine a fait la même chose
et mon cousin la même chose
donc j'ai quand même chaque fois avec le sentiment du risque
ah ben oui
mais on était petits
alors tu sais je crois qu'on se rendait pas
tellement compte enfin bon euh je vais pas te raconter toute l'histoire de la s- de la guerre puisque c'est pas ça le problème
on est rentrés donc en quarante euh cinq
non juste un mot pour savoir de quoi vous avez vécu
et ben mon père avait quand même un petit peu d'économies et la- et puis après il a fait partie d'une association qui s'occupait de faire des faux papiers pour des faux papiers pour les jui- pour les faire partir en Allemagne en pas en Allemagne
en en Espagne passer l'Espagne et alors comme il était trésorier parce que c'était un un un monsieur avec qui on avait une grande confiance on était sûr que c'était pas un XXX
qui n'allait rien garder je pense qu'il a dû du- quelques subventions qui lui ont permis de tenir le coup quoi
mais c'est vrai que ça a eu
mais il n'a pas retrouvé de travail euh
ah nan à Toulouse
c'était pas possible c'était pas possible il était caché enfin il était pas vraiment caché mais enfin au début non puisque c'était la zone libre
c'est à partir du moment où c'est deven- ce n'est plus devenu la zone libre qu'à ce moment là i-
on s'est un peu plus caché quoi on a changé d'endroit enfin bon
tu es allée à l'école
juste en deux X
j'ai été à l'école euh
quand j'étais chez cachée l- chez les paysans j'étais à l'école euh des garçons parce que il y avait l'école des soeurs et l'école des garçons donc j'étais à l'école des garçons j'ai dû y aller trois quatre mois quand je suis revenue à Toulouse j'ai dû faire euh six mois peut-être mais X j'ai pas eu vraiment de scolarité hein donc je suis arrivée à Paris j'avais qu-
donc Paris
et j'avais quatorze quinze ans et je n'avais jamais fait de sizième en rien du tout
j'avais fait qu'une école euh primaire hein une année plus des petits bouts par là
et alors le l'atmosphère de la du retour euh
quand on comprend X on parlait de quoi de la victoire et de la liberté retrouvée ou on comptait ses morts
on comptait ses morts plutôt
on comptait plutôt ses morts
donc ta famille était très touchée très
oui parce que oui parce que
toute la famille en Pologne a été
euh liquidée assassinée euh il y avait pratiquement plus personne mais moi j'ai eu une chance extraordinaire parce que j'ai gardé mon père et ma mère quand même
d'autres ne l'ont pas eu
mais eux étaient euh avaient perdu frères euh soeurs euh
euh toute la famille
toute la famille euh ma mère avait un frère qui avait trois enfants donc sur les trois enfants il y a sa sa sa belle soeur est partie et deux enfants sont partis et il y en a un qui est revenu quand même donc euh nan il y en a eu qu'un oui il y en a un qui est revenu
parce qu'il était caché chez les paysans
les deux autres enfants euh
sont partis en s- camp de concentration euh gazés
mais la question qu- que je te pose c'est cette atmosphère donc de de retour
tu t'en souviens toi est-ce que euh
c'est difficile je me souviens avant la guerre que j'avais une petite copine qui hab- qui c'est les parents étaient cordonniers et ils étaient d'origine italienne et elle m'avait traitée de sale juive
ça je m'en souviens si tu veux
après la guerre je c'est vrai que c'est difficile je sais que je j'ai voulu on a voulu me mettre à l'école bien sûr puisque j'avais pas eu de scolarité et quelqu'un a dû vu- dire à ma mère il faut aller à le le lycée Hélène Boucher
et quand je suis arrivée à Hélène Boucher avec ma mère qui parlait pas très bien français d'ailleurs on lui a dit c'est pas possible elle a quinz- tu as quatorze ans on peut pas la mettre en sixième donc on peut pas la prendre et on m'a pas pris par contre on a eu une autre adresse d'une école privée catholique à Saint Mandé
et à ce moment là la directrice nous a reçu elle dit je comprends alors ce qui vous est arrivé on va la prendre vous inquiétez pas de toute manière elle est d'origine juive donc elle se débrouillera e- elle pren-
elle rattrapera le temps perdu
ah
ouais c'est ce qu'ell- c'est ce qu'elle a dit oui
donc euh c'est ce qu'on appelle des stéréotypes
mais pour une fois
ça a marché
et on m'a mis en cinquième je crois
en cinquième à ce moment là bon
et tu as travaillé
rattrapé nan
j'étais pas une très bonne élève
ça je dois le dire
j'ai suivi mais pas
j'ai pas fait des éclats
et alors euh donc vous êtes passés du dixième euh
à Hélène Boucher là euh X
on était toujours dans le dixième
rue Tesson
la rue Tesson moi je suis restée à la rue Tesson jusqu'à ce que je me marie
Hélène Boucher était donc euh l- le lycée
qui correspondait
au dixième oui c'est vrai qu'il y avait pas tant tant d'établissements
que ça enfin
nan il y en avait pas tellement oui oui c'était Hélène Boucher c'était ce qui paraissait alors là moi c'est de d- de donc de Goncourt parce que b-
euh rue Tesson c'est le métro Goncourt qui est à côté
donc euh quand j'ai été à Saint Mandé ça faisait quand même un petit bout de chemin
mmh
et alors euh bon cette rue Tesson tu as parlé des deux pièces euh
euh le quartier te plaisait tu étais
ah ben j'avais mes copines j'avais
oui oui c'est vrai bon euh tu sais c'est tout petit hein je euh je me souviens d'une histoire qui n'a peut-être rien à voir mais je s- je crois que c'est je me demande si X je ne sais pas si c'était avant la guerre je di- discutais avec mes copines mes copains j'avais mon cartable et puis j'ai posé mon cartable sur l- le toit d'une voiture qui était à côté et puis d'un seul coup la voiture est partie j'avais plus de cartable
ah il commencait à y avoir des voitures alors
en tout cas mmh
il y avait des voitures oui oui il y avait des voitures
mais ça veut dire que
et rue Tesson si tu veux moi j'avais pas tellement de copines c'est vrai parce que j'ai coupé mais ma soeur alors ma soeur est née pendant la guerre elle est née en quarante-trois
et ma soeur quand on est revenu en à Paris elle avait des très bonnes copines d- de du même âge qu'elle c'est cette copine elle avait une épicerie dans la rue Tesson c'était Claudine
tu te souviens et que je connais toujours Claudine d'ailleurs hein et c'était les copines de ma soeur plutôt que mes copines moi
j'en avais plus beaucoup moi de copines
j'avais passé le l'âge des copines
mais euh quand même quand vous discutiez c'était dans la rue c'était pas
dans les appartements
c'était bien trop petit on vivait dans la rue
nan nan dans la rue dans la rue on pouvait pas
dans la rue on vivait dans la rue bien sûr
bien sûr
avec le sentiment que ça va il n'allait rien arriver d- de grave euh
nan nan nan
c'était très très cool euh la rue Tesson c'était vraiment une petite euh rue euh familiale
euh tout le monde se connaissait il y avait les bains douches
il y avait l'épicerie il y avait la cordonnerie tu vois
qu'est-ce qu'il y avait d'autre euh c'est tout je crois il y a qu-
et donc chacun jettait un oeil sur les enfants
donc euh
c'est ça puis alors du qu- n- nous on habitait au quatrième et même mes parents euh c- par tu sais tout le monde criait dans la rue remonte c'est l'heure de manger enfin tu vois
c'était dans le temps il y avait le rémouleur qui passait je sais pas si tu as entendu tu as eu le XX le rémouleur
moi j'ai a- j'avais habits chiffons
ferraille à vendre
nous c'était couteaux couteaux aiguisez les couteaux
peaux de lapin peaux
ouais ça ou alors le chanteur le chanteur des rues
ah ça
j'ai jamais entendu
quand on lui envoyait des pièces
on enroulait
des pièces euh de de de je sais pas de cinq centimes je sais plus combien sur du papier et puis on lui envoyait
et qu'est-ce qu'il chantait au fait
les les chansons de de
de rue là tu sais euh
comment ça s'appelait tu te souviens pas XX
m'en m'en rappelle plus
oh j'ai oublié mais ça ça va me revenir
il y avait vitrier aussi
je me rappelle vi- vitrier i- il avait son truc sur le dos avec des
il y avait le vitrier
aussi qui passait
oui le vitrier XX
vitrier
oui
oui oui oui
et on a les
oui les cris des gens
tu sais le le re- chanteur il avait son
comment ça s'appelle
un orgue de barbarie
oui oui voilà voilà
oui c'est ça
faisait des petits t- papiers a- troués là tu sais
X des cartes a- trouées
et et alors toi Henri
vas-y à ton tour
et ben
vous êtes très sages hein personne n'empiète sur
nan c'est après
euh moi moi je suis né à l'hôpital Bretonneau
euh dans le dix-huitième arrondissement et et on a euh euh mes parents habitaient rue du Mont-Cenis pas très loin d'une école maternelle
dans le dix-huitième
dans le dix-huitième et donc j'ai jusqu'à jusqu'à la période de la guerre on a vécu là avec euh la la grand mère euh la tante et caetera à à différents étages de l'immeuble et c'était quand même un peu plus euh propre que chez que chez Denise
c'est à dire que il y avait des toilettes à l'intérieur enfin c'é- c'était plus plus évolué un peu plus évolué
et plus d'espace ou tout petit petit quand même
ah je me rappelle pas trop s- s- probablement plus
par exemple tu avais une chambre toi ou tu
ah nan nan nan je crois pas nan nan je
avec ton frère
il y avait mon frère
donc on devait être tous les deux dans la même chambre
mais tes parents avaient une chambre à eux ils pouvaient fermer la porte
et
être chez eux
oui oui euh et puis euh donc il y a il y avait un oncle et et l'autre oncle il habitait ailleurs il habitait rue de Moscou et il était marié et il avait un petit garçon euh qui ont été euh alors il faut peut-être revenir un petit peu en arrière cet oncle là il s'était engagé comme volontaire
légionnaire
comme légionnaire bon
parce qu'il était considéré comme étranger
avant a- avant trente-neuf
oui oui oui tout ah ben ils étaient apatrides au départ ils étaient apatrides mes parents étaient apatrides
euh d'accord il y a eu un moment où on a donné la nationalité française euh
c'était trop tard
c'était trop tard
c'était trop tard
voilà et donc ce ce cet oncle il a i- quand il est revenu quand il y a eu la déclaration de guerre on l'a renvoyé en France et
à Paris il habitait rue de Moscou
euh comment à Paris oui mmh
rue de Moscou et puis euh on va aller un petit peu plus vite de ce côté là parce que en en quarante deux euh i- euh il y a les miliciens français qui sont venus l'arrêter
et i- il a été donc pris avec sa femme et le petit qui avait trois ans
et la femme et le petit sont pas rentrés parce qu'elle a voulu le garder jusqu'au dernier moment et à ce moment là c'était sûr qu'elle passait à la chambre à gaz euh parce que lui il a travaillé il a travaillé jusqu'à sa libération mais il a travaillé pour les allemands beaucoup donc il était il était p- pas aussi malheureux que les autres il pouvait t- tuer
mais il était en camp il était en camp de concentration XX
il ét- il était en camp de concentration mais
et lequel
ah alors il a été
Maurice
ah
il a été à ba- à Mauthausen ou euh à Auschwitz
Mauthausen oui
et Auschwitz après
mais il était dans toujours dans une zone où où ils étaient malheureux mais on on
on ne les tuait pas systématiquement
ils travaillaient pour des usines
ils travaillaient dans des usines voilà et donc il a pu tenir euh pendant les trois ans euh il faut préciser que quand même euh quand il est sorti quand il était euh libéré par les russes il pesait quarante-deux kilos quand même donc c'était quand même euh il y avait plus grand chose sur lui
oui ce qu'il faudrait quand même que tu parles enfin je je
hein j'ai le droit
c'est que quand vous habitiez tous rue du Mont-Ci- c'était fa- très familial puisque vous étiez
tous euh ensemble
c'est ce c'est c'est c'est un peu ce que j'ai dit
c'est un peu ce que j'ai dit
mais du coup tu as eu une enfance au milieu des oncles des tantes
de la grand mère euh
voilà c'est ça c'est ça
qui parlent quelle langue au fait
ben euh l- le ladino essentiellement
et et et ma mère enfin quand ils sont arrivés
à Paris quand ils sont venus de Salonique parce qu'ils sont nés à Salonique tous les deux quand ils sont venus de Salonique maman parlait p- français parce qu'elle était professeur de français dans l- les écoles euh
je sais plus l'alliance universelle
XX l'allan- l'alliance universelle
voilà
donc elle était prof de français pour elle il y a pas eu de problème et mon père il travaillait pour les français à Salonique dans des je sais plus où c'était télécommunications enfin des choses comme ça donc il était quand même un peu averti mais il parlait pas bien le français
mais pourquoi sont-ils venus
euh à Paris qu'est-ce que
oui parce que y a eu l'incendie à Salonique en dix-sept et toute euh toute la partie toute la communauté juive qui habitait à un endroit
tout a été détruit par les in-
les flammes c'était en dix-sept
au moment au moment d'atat-
data tul- non dix-sept non
non non je dis n'importe quoi non non d'accord
non non c'ét-
non non
c'était d- en dix-sept en dix-sept
nan et puis je crois qu'il y avait aussi que il voulait pas faire le service militaire
je ne sais plus ça
non pas euh
nan nan pas ah oui nan nan
nan nan
pas du tout euh nan ils sont partis parce que euh Paris les les attirait en quelques sortes
puisque maman parlait bien français et et et donc euh ils se sont dit en plus la France Paris c'était quelque chose d'extraordinaire pour les étrangers donc ils sont venus là mais ils étaient toujours apatrides
ils ont vécu là ils étaient toujours apatrides
euh dis moi euh don- ils sont venus en se disant d'accord euh la France
pays merveilleux
et ils ont continué à penser la France pays merveilleux ou
ils ont changé d'avis
ben a- a- à p- à partir de la guerre non c'était fini à ce moment là non c'est sûr et alors il s'est produit quelque chose da- d'assez d'assez p- curieux c'est que quand la p- les allemands ont demandé à tous les juifs qui ét- habitaient Paris d'aller se faire inscrire
au commissariat en t- et puis
ils mettaient le tampon juif
et caetera et ma mère a dit non je ne vais pas là-bas
je ne veux pas m'inscrire
alors toute la famille lui est tombée dessus en lui disant mais tu te rends pas compte tu vas avoir des problèmes tu aurais dû te faire inscrire et caetera e- dit et non non elle a tenu bon et ça b- marché d'une façon assez extraordinaire mon père qui ét- travaillait à Paris dans une société dont je me souviens plus trop le nom est descendu à Pau un un peu avant la guerre et ils l'ont appelé pour qu'il les rejoigne donc il a été à Pau et il a dit à à ma mère et et aux enfants vou- je vais m'installer là-bas et vous viendrez me rejoindre
à ce moment là euh
il y a eu la zone
euh séparée
il y a eu la fameuse zone euh voilà et l- lorsque mon père a voulu rejoindre Paris euh il a été arrêté on lui a dit nan nan nan nan vous repartez d'où vous venez donc il est retourné à Pau et là il a appelé ma mère pour lui dire ben écoute je peux pas passer venez euh à Paris à mmh à Pau
à Pau donc euh
X d'une certaine façon ça vous a sauvé
sans compter qu'il y avait pas
et comme elle avait pas
de carte d'identité
à Villejuif elle a pu passer
elle est passé a- grâce à ça oui
et et dernière euh question
euh sur ce thème euh c'était des familles pratiquantes
non
non
et la tienne non plus
ah peut-être même alors que l'état de juif n'était pas si évident
peut-ê- si
si si si si
si tes parents parce qu'ils parlaient pas bien français
ils parlaient yiddish XXX
ils avaient un accent
si si mes parents savaient
qu'ils étaient juifs la le c'était
très important mais
pas religieux
pas pas croyants
mais ils se sentaient juifs
ah oui oui très très
et et toi
alors mais les les miens c'est s-
c'était peut-être moins évident justement
alors pou- pour mes pour me- maman et mon père ils avaient p- l'air de d'être français euh
nan
tu vois ma question n'est pas celle-là
bien sûr heu-
heureusement
elle a eu ce
réflexe de ne pas se déclarer comme juif
oui tout à fait oui oui
mais je me demandais euh si c'ét- si ça avait du sens s- euh voyons s'il n'y avait pas eu le danger disons une chose neutre est-ce qu'elle se sentait tellement juive que ça
en étant euh
malgré tout
euh athée euh
nan elle é- elle était pas athée en fait elle croyait en Dieu mais c'est ça c'était très limité et elle elle suivait les traditions
les traditions elle faisait
les fêtes
quand même
voilà les fêtes tout ça c'était
l'un comme l'autre on on Yom Kippour euh
voilà le nouvel an
ah oui le nouvel an il y avait toujours
le vendredi soir
le vendredi soir il y avait euh quand même euh une petite fête enfin
oui oui pas complètement assimilée
mais pas
voilà c'est ça
et et finalement le fait qu'elle n'ait n'ait pas mis le tampon juif XXX nous a laissé passer à Vierzon
sans problème les allemands l'ont lui ont dit euh vous vous êtes italienne donc elle avait vraiment un type
particulière bon alors allez-y et voilà
parce que les enfants étaient dans l- dans le train enfin mon frère et moi on était dans le train et grâce à ça elle a pu nous rejoindre et on est partis
donc on est partis à Pau
et là on est restés toute la guerre à Pau avec des des des complications du genre de celles que qu'a eu euh Denise c'est à dire que à un moment donné il y avait tellement de rafles que mes parents ont décidé de nous mettre euh en p-
à la campagne alors la première fois c'était chez un curé
qui avait bien voulu nous prendre et ce curé euh nous avait dit il y aura dimanche euh la messe vous restez sur votre chaise et vous ne bougez pas et nous à huit ans neuf ans on s'est dit euh t- tout le monde y va bon on va y aller aussi alors évidemment le curé quand il est passé devant nous il a p- il nous a pas donné l'hostie
XXXXXXX
et le lendemain il a appelé
il a appelé mes parents di- je peux plus les garder on a eu cette petite euh histoire et il vaut mieux qu'ils s'en aillent parce qu'autrement c'est le village qui risque de payer tout ça voilà bon enfin vrai
pas vrai
j'en sais rien mais voilà ce qu'il s'est passé
donc on a été de là de chez le curé d- ch- chez un autre alors des paysans euh et euh j'ai euh alors mon frère était une euh dans une ferme où ils étaient très très méchants enfin étaient durs avec lui et moi c'était plutôt plutôt sympathique mais mais mais mais mes parents me manquaient quoi
c'est c'est sûr que il y avait un problème et pendant donc deux ans pratiquement ben j'ai plus été à l'école parce que là il y avait pas de possibilité
aucune
euh garder les vaches et et puis euh quand il y a eu la la libération euh mon père est parti d'abord à Paris il a il a retrouvé un appartement et il nous a dit après venez voilà alors là je crois qu'il a eu euh euh il a eu des des des soucis de de des des allemands sans doute puisque il était parti enfin je sais pas il s'est bien débrouillé au début il é- il était pas il cherchait du travail mais il en trouvait pas et au bout d'un certain temps
il faisait quoi en fait
il était il s'occupait de bonneteries
et
vous habitiez rue d-
commerçant ou
fabricant
non non non commerçant commerçant
commerçant mmh
alors il connaissait des gens qui lui donnaient de la marchandise qu'il vendait qui il voulait
en racheter et caetera
et donc ça a marché pas trop mal et on habitait rue Turgot dans le neuvième à côté d'un
d'un d'un lycée très connu donc euh mmh mmh c'est là que euh j'ai aussi eu quelques soucis pour reprendre euh
des des le lycée j'ai passé alors quand on était à Pau juste avant de partir j'ai passé un un un examen qu'on appellait l- le l'examen des bourses
et et je l'ai réussi et donc j'avais ma ma mère avait tous les mois je sais plus combien mais peut-être euh un un petit peu d'argent
au fait pas trop de problèmes pour reprendre
puisqu'on te donne en plus une bourse bravo
qui était uniquement à lui
voilà c'est ça oui oui
et alors avec cette bourse ben j'ai j'ai continué et en en en
il est passé de cinquième à seconde X
oui j- c'est ça j'ai dû j'ai dû faire un gros saut qui m'a d'ailleurs coûté cher parce que on peut pas effacer des années comme ça ça il reste des traces et donc euh après j'ai passé alors le baccalauréat technique à l'époque c'était ça et je suis rentré dans une école d'ingénieur l'ENREA qui était l'Ecole Nationale de Radio Electricité Appliquée voilà
bon ça t'a pas tellement coûté cher je trouve
non non
non non ça a été plutôt bien non non ça ça
c'était plutôt bien euh c'était une école publique donc euh il y avait rien à payer sauf les livres et les choses comme ça mais voilà donc
entre entre temps mon mon père s'est mis à à trouver un travail parce que la bonneterie ça ne marchait pas très bien il a trouvé un travail il est devenu chauffeur de taxi à Paris
donc à partir de là les choses se sont un peu arrangées
d'accord et et donc quartier euh donc le neuvième
tu connaissais b- j'imagine très bien
au fur et à mesure que tu grandis
il te plaisait ce quartier tu
tu étais un gamin des rues tu commençais à aller au cinéma avec les copains
non pas du tout
non non non parce que mes parents avaient pas beaucoup de moyens
donc le cinéma
c'était c'était pas c'était pas possible
d'accord le cinéma ça aurait été trop
c'était un peu trop oui à l'époque
nan ce qu'on a f- enfin je peux je
c'est que à partir du moment quand on est revenus de tous les deux plus ou moins de de ben de enfin quand on est revenus à Paris
on on s'est inscrit dans un mouvement de jeunesse sioniste
socialiste
qui s'appelait la Gordonia
et c'est là qu'on s'est retrouvés d'ailleurs et
vous vous connaissez vraiment de longue date oui
depuis dix-sept ans
nan mais on s'était pas connu en en en
parce qu'on était à la campagne mais
on était pas loin
nan nan on était pas ouais mais ça
c'était c'est très très curieux
et donc c'était cette association la Gordonia où on s'est retrouvés avec tous les jeunes juifs de notre âge
et c'est à ce moment là qu'on a fait des sorties on a
on a fait des des on a chanté on a fait des des des conférences
on a- on on apprenait l'hébreu aussi ouais
on apprenait l'hébreu
du coup c'est ça
parce que le but sioniste veut dire
départ pour
Israël
alors on a fait ce qu'on appelle une archara l'archara en hébreu
ça veut dire une préparation pour aller dans un kibboutz
donc on a fait c'est ça nos amis en fait c'est pas les amis du du quartier
c'est les amis de l'association
d'accord je comprends
alors s- ce que justement cette association était euh orientée de telle manière que il fallait envoyer des gens des français en Israël
c'est pour rece-
coloniser
c'est ce
que veut dire sioniste
voilà c'est ça alors
voilà exactement ça
on a été invité euh moi j'étais en première année d'ingénieur on a été invité par le comment il s'appelait le le euh
un organisme qui qui s'occupe
de de de d'envoyer des juifs euh
en Israël
et donc on est partis en bateau en Israël et puis euh là j'ai dit voilà euh moi je fais ça je voudrais bien m'installer en Israël et ben on m'a dit terminez vos études et puis après on trouvera quelque chose pour vous
voilà comment ça s'est passé
vous étiez déjà amoureux
on était amoureux euh quand on
ah ben on ét- on était plus qu'amoureux
nan quand on a pris le bateau
on s-
on était amoureux on n'était pas fiancés on était amoureux mmh oui
ah oui ah oui on était amoureux on n'était pas oui d'accord
voilà et et donc euh j'ai terminé donc mes études et on est retournés en Israël pour voir si ça si ça marchait et on est arrivés en soixante euh
soixante-six ou soixante-sept ap-
avant la guerre
et là on m'a dit même les gens qui sortent euh de de notre école d'ingénieur ne p- n'ont pas de boulot en ce moment donc c'est pas la peine vous revenez dans deux ou trois ans alors
j'ai dit ben deux trois ans finalement je suis resté en France et puis j'ai XX voilà
et on a et on a fait des enfants
mais d'accord mais pendant un moment vous vous êtes euh sentis plutôt sionistes quoi
attirés
oui tout à fait
attirés par Israël
parce que on avait quand même à l'esprit tout ce qui s'était passé pendant la guerre
et en fait c'est ça que je viens de réfléchir maintenant tu vois tu m'y fais penser c'est que j'avais pa- en revenant de la guerre j'avais pas d'amis dans le quartier
parce que mes amis c'était eux c'était l'association
c'est ça
et pas non plus alors après toi donc maintenant études d'ingénieur et toi
alors moi ben je
bac en poche quel bac d'ailleurs
j'ai fait le bac euh première partie
parce qu'il y avait deux parties
puis je me s- je crois que je me suis arrêtée là et j'ai fait une école de laboratoire parce que je voulais être médecin mais bon j'en avais pas les capacités ma mère qui X disait mais non mon père il av- il avait déjà il s'était arrangé il avait un associé qui lui a donné de l'argent comme il était très travailleur ils ont monté une usine de sommiers sommiers métalliques ma mère disait va travailler chez ton père secrétaire alors moi j'ai dit non alors je s- mon père heureusement n'a pas voulu j'ai fait une école de laboratoire s'appelle science X c'est une petite école
enfin qui était plus ou moins payante j'ai fait deux années ou trois années et je ce qu'on appelait à ce moment là laborantine tu vois
donc euh j'étais laborantine et après effectivement j'ai pris j'ai passé plein de certificats pour arriver à remonter un peu plus haut quoi
si tu veux
d'accord c'est à dire tu t'es réveillée quand tu étais adulte euh
et donc je suis devenu technicienne voilà un peu plus oui puis
puis Henri m'a aidé hein parce que pour passer le bac c'est lui qui m'a quand même aidé
ouais
donc c'était une vie de couple où on bossait dur
on bossait dur ouais ouais tout à fait
ah oui parce que quand on s'est mariés donc on s'est mariés moi j'avais juste vingt ans et lui aussi vingt ans et demi
donc on é- était mineurs les parents sont X pour deman- pour
ils ont autorisé le mariage mon père nous a aidé à louer un studio dans le dix-neuvième du côté des Buttes Chaumont
puisque tu veux
les les
les rues tu aimes bien rue Georges-Lardennois
ça s'appelle c'est une rue qui monte comme ça
et
tu la vois et c'est là qu'on a vécu pendant euh cinq quatre ans
cinq ans
moi je travaillais Henri X terminait ses études
donc moi je gagnais un peu d'argent puisque j'étais laborantine à ce moment là
dans quel euh
euh la biologie hein tu sais
oui on faisait des analyses médicales
oui oui nan mais X
tu faisais ça pour un petit labo comme ça euh
médical
ah nan nan c'é- c'était à l'hôpital
ah pas tout de suite pas tout de suite la premie- le premier c'était chez non c'était après
ah pas tout de suite ah nan oui Clin- Clin-Byla nan c'était pas
non le le premier c'était à Villejuif euh c'était à Villejuif
nan pas tout près mais tu sais quand on est jeune euh j'ai commencé à faire ça et alors c'était pas terrible hein après on a commencé à avoir un premier enfant et j'ai travaillé chez Clin-Byla euh le contrôle de médicaments et je me souviens que j'avais déjà N- Nicolas était né et j'étais enceinte du deuxième et je faisais des contrôles de médicaments dans une chambre quarante degrés se- stérile
et que j'ai tenu le coup mais enfin c'était dur hein c'était dur c'était dur puis en plus c'était Clin-Byla c'est c'est marrant parce que cette situation tous les autres c'était des des ouvriers et moi étant donné que j'avais fait quand même un peu d'études j'étais supérieure et on osait pas me parler et je- je n'avais p- pas de cont- euh il y avait pas de cont-
tu as vécu ça
oui oui il y avait pas de contacts entre les ouvriers et moi
jusqu'au jour où tu sais comme ils savaient que j'avais un enfant ils m'ont donné ils av- on avait le droit d'avoir du du lait des bouteilles de lait tu vois et alors j'ai donné les bouteilles de lait aux aux filles que je voyais et à ce moment là le contact a été meilleur
mais en même temps très distant
ah très distant
ah oui oui oui moi j'avais fait des études tu te rends compte
au fond ce que tu es en train de raconter alors là maintenant c'est un problème de classe sociale et plus de persécution
non non non ça c'est classe sociale
euh c'est ça tu es pas insérée tellement dans dans ce milieu français tu vis dans ta bulle
oui
non s- oui c'est vrai tu as raison euh euh en fait euh tout à fait au début on était entre nous
on était entre nous et c'est bien plus tard qu'on qu'on a commencé à à ouvrir l'espace si tu veux mais en fait au début euh on était entre nous et je- je recommen- je reparle de la rue Tesson nous on était au quatrième étage au troisième étage il y avait des juifs au premier étage il y avait des juifs
oui toute façon les gens comme ils ont toujours fait ils se regroupent
il se
regroupent
c'est normal hein
et c'est normal donc en fait c'est vrai pour que pour que j'ai une ouverture sur les non juifs parisiens ça a été bien plus tard ça a été quand j'ai commencé à faire des études quand même quand j'étais v- quand j'ai travaillé à l'hôpital hein quand j'étais
alors euh comment ça s'est passé donc tu tu travailles tu as deux enfants tu continues à bosser il faut bien
que l'argent
rentre de toute façon
oui mais quand X ça y est
il a fini ses études et il travaille
oui
et on a habité à ce moment là où on t- à Fresnes
ah oui vous passez votre temps à bouger
ah ça oui
oui Georges-Lardennois quand on était mariés
après on a été on a fait tu sais les fameux Castors les les
les immeubles Castors là où on a acheté un imm- un appartement et le deuxième enfant est né là-bas à Fresnes
et à ce moment là moi j'allais travailler à Paris oui
à Paris et j'ai commencé après à travailler ah oui alors je travaillais chez un X laboratoire privé chez Gainsbourg
un juif hein toujours et à ce moment là j'ai attrapé quelque chose j'ai attrapé une tuberculose
nan c'était
à l'hopital que tu as attrapé
la la tuber-
elle travaillait dans un service de de
de tuberculose
après oui c'est ça j'ai eu une place à l'hôpital
à l- l'Hôtel-Dieu
à l'Hôtel-Dieu
à l'Hôtel-Dieu
c'est ça je faisais partie donc de l'assistance publique mais pas titulaire j'étais temporaire
je faisais des des des tubages gastriques aux z- tuberculeux et j'ai attrapé qu- quelque chose aux poumons et à ce moment là on m'a dit ben écoutez allez vous soigner puis quand vous serez guérie on verra donc on m'a viré complètement hein
viré
ah complètement
malade et virée
oui oui
oui oui
parce que j'étais
j'étais temporaire
X elle était pas fonctionnaire elle é-
oui mais enfin leur responsabilité était engagée
mmh non pas voulu le savoir et ça c'était en
ben ils ont pas voulu le savoir alors moi
moi j'ai dit à Denise c'est fini l'hôpital tu laisses tomber hein XX c'est fini
j'y suis retourné XXXX
oui oui ça oui
euh j'espère que la législation a
évolué hein
je sais pas quand mais c'est
non on m'a dit non non mais allez vous soigner puis quand vous serez guérie on vous reprendra
enfin tu vois mais euh
sans rien sans indemnités sans rien
bon voilà j'avais deux enfants à ce moment là
alors tu es très fatiguée il faut te soigner mais malgré tout tu commences des études du coup
oui ben c'est ça tu as été à
tu as été en en Savoie tu as été à
non d'abord j'ai été me reposer mon père m'a payé
heureusement que mon père était là j'ai été à Fontainebleau à Recloses
pendant deux mois j'ai laissé les enfants on avait des enfants à ce moment là
je sais plus bon puis après je suis oui puis après j'ai été non après j'ai été gravement malade j'ai été au Plateau d'Assy
j'étais dans un sanatorium parce que ce que j'ai eu au début c'était léger c'était tu vois à l'Hôtel-Dieu c'était léger c'était un début un petit voile mais c'était pas j'ai pas eu de traitement si tu veux alors que après j'ai eu de nouveau une euh quelque chose de grave
une rechute et on m'a envoyé au Plateau d'Assy là à ce moment là j'ai eu des Rimifon j'ai eu tout un traitement tu vois et donc
et c'est c'est là que je suis resté avec les deux enfants
et Albert est resté avec les deux enfants et une bonne c'est ça
c'était pas terrible
et alors là j'ai retrouvé une m- un une place à la- la- à Lariboisière
en euh à la f- alors plus du tout à l'assistance publique mais à la fac mais une d- une place tu vois euh d'être sous d'être d'être euh d'être de laboratoire tu sais très très min- à ce moment là j'ai passé des concours pour arriver à monter technicienne supérieure tu vois
et euh jusqu'au niveau ingénieur et c'est là que j'ai commen-
il t'a fallu combien de temps
je sais plus
ah ben euh sept huit ans hein au moins
je oui par là
c'est dans ces eaux là
tous les ans j'en passais un je crois oui
oui ouais oui je crois que c'est ça et à ce moment là on a enc- alors on a don- donc on était à Fresnes et on est restés à Fresnes jusqu'à ce que mes enfants aient dix ans donc euh dix ans moi je je suis née en trente-deux donc j'avais quel âge j'avais trente ans peut-être
par là et à ce moment là qu'est-ce qu'il s'est pass-
ben à ce moment là i- il y avait des des des groupes de gosses qui faisaient tout et n'importe quoi à Fresnes
alors on s'est dit non on reste plus là-bas faut aller à Paris
en plus il n'y a pas d'école euh suffisant ici on va à Paris
donc on s'est retrouvé
dans le quinzième
là on est parti
on a revendu le s- ce cet appartement qu'on avait pas acheté cher du tout hein puisque
c'était l'époque
c'était les Castors et
on a acheté dans le quinzième euh rue euh
rue Jean euh rue rue j- Henri Duchène
rue Henri Duchène à côté du métro Commmerce
alors on était en- dans un immeuble euh
pierre de taille
le quinzième ça vous a plu
oui ah ben oui oui
oui oui tout à fait alors là on est
là c'est pour de vrai
c'est enfin un quartier que
vous aimez
alors justement quand on est arrivés dans cet immeuble bourgeois tu vois
pierre de taille hein euh il y a une dame qui était qui se considérait comme la gérante je sais pas quoi
non mais s- elle était gérante ouais ouais ouais
elle était gérante mademoiselle Durand
et elle nous a interviewvé avant qu'on l'achète pour savoir si elle était d'accord pour
pour nous prendre
et alors on a bien ri enfin on a bien on a ri jaune en fait parce qu'on le voulait cet appart elle nous a demandé dans quelle paroisse on faisait partie
et la réponse
on lui a dit euh non on n'est pas on n'a pas de paroisse
d'accord
ça n'a pas été
rédhibitoire
non
il est ingénieur
ça a failli l'être
il est ingénieur
et quand on a dit
que j'étais ingénieur elle a dit
bon ben ça ira
ouais
bon mais donc votre vrai quartier
c'est le quinzième
c'est le quinzième
oui et on d'ailleurs on regrette toujours le quinzième
et ensuite vous êtes passés du quinzième à Vincennes
voilà c'est ç- ah l- place Gambetta
non non non
place Gambetta le vingtième
et pourquoi
alors puisque vous aimiez votre cher quinzième
et ben oui mais on voulait qu'est-ce qu'on voulait
on voulait de la place parce que
oui non
parce que le quinzième c'était un un immeuble bourgeois deuxième étage s- je sais pas si tu vois ce que c'est
si je v-
moins de lumière
pas de lumière
on voulait quelque chose d-
des couloirs donc c'était pas très fonctionnel ce qui est connu
dans ces i- immeubles là
et puis les garçons ils étaient tous dans la de les deux dans la même pièce ils commencaient à être grands ils avaient besoin d'un peu plus grand donc à ce moment et puis moi j'avais envie d'une maison mais une maison à Paris voilà
et on l'a trouvée
ils avaient raison de prendre dans l'appartement bourgeois
fondamentalement
oui parce que ça nous a permis encore de faire un saut
on est passé de ça on a
emprunté de l'argent
donc une maison à Gambetta
à Gambetta
et à ce moment là c'est pareil hein à part deux ou trois parce que tu sais la maison était je sais pas si tu t- sais il y a une grande m- un grand immeuble à cinq six étages devant il y a une p- une petite courette une plus grande courette il y avait un portail et s- il y a notre jardin et notre maison donc on est séparé de l'immeuble
donc en fait
euh s- et séparé même de la place Gambetta
qui avait du bruit
parce que tu es vraiment s- ça donnait sur la place
sur la place Gambetta
sur la place Gambetta
côté mairie côté
en face de la mairie
en face de la mairie
juste en face
en face il y a le il y a un grand une grande pharmacie
je sais pas si tu vois et juste à côté de la grande pharmacie
et alors c'est pareil le vie de quartier pas tellement on connaissait deux trois
euh
locataires enfin propriétaires de la maison parce qu'on les voyait pas souvent
Albert les connaissait plus parce qu'il commençait à être professeur du syn-
non non moi je les connaissais parce que j'étais président du syndic
tout de même président du syndic
ça veut dire qu'on prend des responsabilités
dans une communauté
qui vous reconnait
comme euh compétent euh c'est important d'être euh
tout à fait
et j'ai été oui oui puisque
même euh
il y avait un notaire qui habitait dans l'immeuble principal et lorsque je suis parti euh il a dit ben avec sa femme d'ailleurs qui était notaire il a dit ben dis donc depuis que vous êtes partis c'est un de ces bazars
et puis euh
c'est toujours notre notaire d'ailleurs
mais en même temps vous avez des relations plutôt distantes avec les gens de XX
non non parce que moi j'avais mes copains
de promo et on a fait un petit groupe on était quatre cinq
et on s'est on même maintenant on est encore en contact
sur tout Paris
s- non
de l'école de l'école
c'est pas ça ma question
j'essayais de voir si vous vous sentiez du quartier
ah non sur tout Paris
d'un quartier
et jusqu'à présent j'ai envie de dire pas tant que ça
non pas tant que ça
non non non non non non
parisiens peut-
à à la si à place Gambetta quand même
parisiens oui oui
on était on était un peu plus ouverts
non moi je trouve que c'est à Vincennes qu'on est vraiment
qu'on est pas à Paris
alors à Vincennes oui alors là on fait vraiment partie de du qu- de Vincennes
et alors pourquoi vous faites vraiment partie de Vincennes
parce que on connait tout le monde parce que en quand on va faire des courses
et pourquoi vous connaissez tout le monde à Vincennes tout niveau
parce que mais je veux dire parce que
d'abord les acti-
ben je suis toujours président de
de du syndic
donc déjà ça m'a ouvert le le l- tous les gens me connaissaient et vas-y vas-y
parce que toutes les activités dans Paris c'était éloigné alors qu'à Vincennes on fait je fais le bridge à Vincennes je fais la petite randonnée à Vincennes je fais la le Divan Littéraire à Vincennes
tout c'était à Vincennes
donc
automatiquement je les retrouve
c'est ça trois groupes
pour toi
hein
euh
donc automatiquement quand on sort
on va faire des courses on d- on r- r- rencontre automatiquement quelqu'un des trois groupes alors que à Paris c'est pas possible
non c'est vrai
euh donc finalement on pourrait dire s'il y a un quartier j'ai envie de dire Paris mais tu vas peut-être me répondre non Vincennes
Paris Vincennes
c'est presque Paris hein Vincennes
oui mais c'est pas Paris
c'est presque Paris ou c'est pas Paris
comment il y a un esprit de Vincennes tu dis
ah oui il y a un esprit de Vincennes
ah oui oui
c'est ça c'est
et justement
et c'est quoi l'esprit de Vincennes
euh la proximité
ben l'esprit de Vincennes c'est euh beaucoup plus petit
et et très souvent quand on va faire des courses ou tout ça on connait quelqu'un
parce que toutes les activités sont regroupées dans Vincennes alors que quand tu habites
Paris tu vas faire du yoga dans le quatorzième et tu vas faire euh tu vas à la librairie
qui se trouve euh je sais pas dans le dans le douzième tu tu changes c'est pas regroupé dans dans la place la de la Nation
si tu veux tu as pas tout ce que tu t'intéresses place de la Nation
et alentours c'est un peu partout alors que Vincennes c'est c'est tout par à côté
je crois que c'est ça
est-ce qu'il y a des habitants typiques de Vincennes pour vous
oui s- c'est des gens plutôt aisés
et et qui sont depuis longtemps
et qui sont là depuis très longtemps
oui oui tout à fait
plusieurs générations
oui presque oui oui oui oui oui
ah oui oui oui il y a un oui oui
ce qui est assez rare effectivement
qui est assez rare
voilà
exactement oui
c'est vrai
et ceux qui habitent maintenant là chez nous enfin dans dans l'immeuble c'est des gens qui habitaient pas loin à Vincennes et qui sont venus là parce que c'est un immeuble euh
mais ils habitaient déjà Vincennes
oui oui ils habitaient déjà Vincennes
et les parents habitaient Vincennes
euh et les limites comment vous euh oui comme comme ça s'appelle plus Vincennes ça correspond pour vous le quartier votre quartier tu l- maintenant on se sent bien XX
euh mais c'est quoi les limites
qu'est-ce que tu appelles les limites
qu'est-ce qui
fait frontière
ah ben la frontière c'est c'est c'est mmh ah ça s'appelle euh la rue rue Montreuil c'est Montreuil la limite c'est Montreuil
et on va pas du côté de Montreuil parce que
et Nogent et Nogent de l'autre côté
oui mais Nogent c'est sympathique re- relativement Montreuil
ça l'est plus voilà ça l'est plus parce que il y a il y a il y a il y a d'autres euh il y a d'autres euh p- niveaux de population
à Vincennes on se c'est vrai qu'on se sent bien chez nous
et Vincennes c'est c'est tout ce qui correspond à la ville de Vincennes ou c'est votre coin vos services
c'est plus
c'est ce qu'on appelle euh le quar- le quartier euh magique
comment on appelle ça
quartier magique
oui oui oui il y a un truc se- c'est pas quartier qu'ils disent le
il y a un mot qui dit m- magique c'est c'est tu vois c'est très
non je vois pas raconte
c'est quoi
ben il y a i- il y a nan mais attends i- il y a la mairie il y a euh
c'est entre l'avenue de Fontenay et la rue de Paris
euh de part et d'autre et
c'est quartier le quartier magique
ça s'appelle
et est ouest
le carré magique
oui
est euh euh ça s- euh c'est nord-sud
mais après ça va jusqu'au périphérique
non
ah non non non
non à- d'où on habite il y a le parc de de Vincennes
euh et donc quand on sort on va la- on on va dans le parc
voilà le parc Floral c'est c'est c'est ça va jusque là
le parc Floral le château
le château
la mairie
euh
la police euh tu vois oui
la police oui euh la rue de Fontenay oui quand même
la rue de Fontenay est importante la euh euh le bois de Vincennes euh
c'est ce quartier mais ça va pas tout en haut parce que c'est vrai il y a il y a il y a des rues qui s'appellent euh rue de France
et qui poursuit la rue de Fontenay rue de France qui va assez loin on connaît très peu
enfin on connaît mais enfin moins
euh et ça correspond à vos activités c'est ça hein
c'est voisin du quartier voilà
tout où se trouvent nos activités exactement
je vais au bridge je vais chez le boucher
exactement exactement
je connais tout le monde
alors ce qu'il faut peut-être dire c'est que moi j'ai été euh mis en pré-retraite
euh parce que les allemands venaient d'acheter la société et et j'étais assez content de ne pas partir parce que c'était dirigé par des allemands et donc on m'a mis en pré-retraite à cinquante cinq ans euh et euh à cinquante cinq ans ben je me suis dis euh je peux pas ne rien faire comme j'étais toujours en avion j'étais responsable des pays d'amérique latine et des des pays nordiques donc euh je voulais faire quelque chose et à ce moment là j'ai trouvé quelqu'un qui m'a dit euh qui était prof de d'économie à à Caen
président
qui était président non il était pas président il était prof d'éco mais si- qui avait qui avait comment dirais-je u- u- une euh une formation pour que les gens terminaient leur leur leur maîtrise en é- en sciences économiques
non il était pas recteur
quand il a été en Martinique il était pas recteur
mais non il était pas recteur
mais il a failli l'être bon
et donc euh j'ai travaillé pour lui pendant alors pour le pour la fac de Caen pendant quatre ans et ce que j'avais comme responsabilité c'est d- de d'apprendre aux aux élèves de de de maîtrise en particulier l'intérêt du du curriculum vitae parce que les les gens qui ont fait la fac en général ils savent pas ils croient que parce qu'ils sortent de la fac on v- ils vont trouver du boulot enfin c'était comme ça à l'époque maintenant je sais pas si c'est pareil
non maintenant on depuis la maternelle
on dit aux gens qu'il faut faire des
curriculum vitae
mais mais quand quand j'ai parlé de CV
là-bas ils savaient pas
ils disaient mais à quoi ça sert
d'accord donc au fond ton rôle était d'aider à l'insertion professionnelle des gens
donc j'ai fait j- voilà alors j'ai fait voilà c'est ça alors j'ai fait
des des ce qu'on peut appeler des conférences avec un petit c sur sur l'intérêt des des des curriculum vitae et j'avais entre autres missions de leur trouver du travail ch- dans les sociétés que je connaissais des grandes sociétés à Paris donc j-
oui et tu étais une perle rare parce que tu sais euh c'est c'est rare justement que il y ait des gens
qui aient cette double casquette euh
enfin maintenant
ça se développe un peu plus maintenant ça se développe plus
peut-êt- peut-être mieux maintenant oui oui
et donc j'ai j'ai trouvé des gens j'ai j'ai mis des gens dans des des euh par exemple euh comment s'appelait là euh des grosses boîtes de de d'autoroute si tu veux des choses comme ça
j- et l'O- l'O- l'Oréal l'Or- l'Oréal ils ont pas voulu i- ils préféraient avoir des gens des grandes écoles
la fac ils connaissent pas ils voulaient pas connaître
oui mais ça ça a rien à voir avec les quartiers hein
non non non mais non mais nan mais c'est le boulot
non mais bon c'est le boulot c'est intéressant hein oui
donc pendant et alors j'avais dernier j'étais chargé de mission donc à la fac et la la dernière mission c'était de étendre le diplôme bi-national de la fac de Caen avec euh l'Irlande et euh on m'a demandé comme je parlais espagnol de le faire avec l'Espagne
et donc pendant presque trois ans j'ai travaillé allé à Madrid prenais des contacts avec les gens avec les bon et puis on a monté un truc qui commençait à bien tourner et au moment où on devait s- ils devaient signer les les accords euh il y a un ponte de Madrid qui a dit mais attendez pourquoi Caen pourquoi pas Paris et tout s'est écroulé
voilà il y a pas eu de suite il voulait il voulait Paris
il voulait un un diplôme bi-national
il voulait pas Caen
malheureusement tout s'est arrêté moi j'ai continué encore un petit peu et puis pourquoi j'ai lâché la fac de Caen parce que au début mon mon ami me poussait les gens à ce que je sois payé de mes déplacements pas pas de- pas donner rien pas rien du tout mais les déplacements alors au début c'était un mois après c'est devenu deux mois après c'est devenu trois mois alors il m'a dit mais tu sais pas comment c'est c'est très compliqué chez nous pour avoir
la paupérisation de la fac euh
tu as connu tu as connu
s- c'est c'est incroyablement compliqué
et au bout de quatre ans euh j'ai dit bon ben tant pis puisque ça ça marche pas bien de ce côté là j'arrête voilà et alors après j'ai pris le le le le relais avec Denise qui travaillait à l'hôpital et euh je suis tombé sur un médecin américain qui travaillait avec Denise et qui m'a dit mais je comprends pas pourquoi elle elle est avec son crayon et ses trucs il faut mettre ça sur ordinateur et c'est comme ça que je me suis dé- j'ai démarré de avec un SE/30 de d'Apple euh j'ai commencé à faire des logiciels pour euh pour Denise et puis après j'en ai fait d'autres pour euh Olivier euh euh et puis euh des des kinés enfin bon j'en ai fait quelques uns et et et puis euh après j'ai fait la l'ébénisterie là ja- j'ai j'ai XX doucement
ça c'est une nouvelle carrière
voilà j'ai fait de l'ébénisterie pendant plusieurs années tu as vu les meubles un peu chez nous je sais pas tu te souviens et et puis voilà bon ben en gros c'est ça quoi
mmh mmh pour revenir à à votre rapport à Paris euh mmh vous en avez une utilisation culturelle euh
oui ben c'est à dire qu'on on
plus qu'à Vincennes Vincennes c'est quotidien
puis Paris
ben c'est à dire qu'on allait ch-
voilà c'est ça on allait à on allait à à la Pleyel on était inscrits à à tous les musées et caetera
oui oui oui oui c'est ça on était inscrits à Pleyel on allait à tous les musées oui oui ça nan nan
nan nan mais on vivait quand même beaucoup dans Paris
ouais
oui puis les enfants allaient au lycée à à B- à Pasteur là Buffon
c'était Buffon
dans le quinzième
voilà quand on était dans le quinzième
et euh que- quelles sont les grandes divisions de Paris euh pour vous euh je p- je peux expliquer euh par exemple
ma tante voilà fonctionne sur euh
rive gauche rive euh rive droite
et ben écoute pour le le le plaisir c'est rive gauche mais pour euh
l'habitation c'était rive droite
un peu si tu veux sauf dans l- sauf le quinzième
sauf le quinzième
mais c'est vrai que la rive gauche on se sent mieux
mais euh j'ai des amis
qui sont fonctionnent plutôt sur l'opposition ouest et et est
et vous qu'est-ce qui est le plus saillant
nan vous êtes restés
on est on n- oui euh
quand vous pensez Paris plutôt
nous nous s- c'est oui t- tu vois Paris c'est ça nous c'est cette partie là pas celle là ap-
et ben
alors c'est justement est-ouest ça
nan c'est sud-est
sud-est
sud-est oui
et justement maintenant tous n- mes enfants mes petits-enfants sont à l'ouest
et ça nous gêne
ben c'est-à-dire tant que j'avais la voiture ouais oui
parce que Alexandra est à X est à Boulogne Olivier est à Meudon
tu vois c'est c'est oui c'est c'est et même ma s- et même ma soeur
mmh ah oui tout toute la famille s'en va à l'ouest
qui habitait dans le dix-neuvième elle est aussi à Saint-Cloud
donc ils sont complètement déportés vers l'ouest
et il y a des raisons c'est le hasard ou ils préféraient s'en aller à l'ouest à cause par exemple euh
non ta soeur c'est c'est c'est une histoire de circonstances
ma soeur c'est une histoire de circonstances Olivier c'est il cherchait un cabinet il a trouvé dans le quinzième alors il s'est a- il a fait l'appartement euh pas loin et la petite Alexandra elle a cherché partout et puis elle a trouvé que c'était quand même mieux d'être près de ses p- de ses parents
quand elle aura un bébé
ah j'avais pas du tout pensé
que c'était d'accord
mmh
mais c'est vrai que nous on est plus euh est quand même parce que regarde genre de on est venu on est nés dans le dixième toi tu es né dans le dix-huitième
on a habité dans le dix-neuvième
après bien sûr on a été dans le quinzième et Fresnes et après
on est retourné le vingtième et Vincennes
c'est ça c'est pour ça
que je vous demandais
si vous étiez est ou
mais c'est s- mais c'est pas un choix dé-
c'est pas un choix délibéré
et puis ça ne donne pas lieu à une identification
comme
parisien de l'est
parce que si on avait trouvé dans le quinzième un appartement avec une terrasse comme je le voulais et qui soit dans l-
ça serait le quinzième
mmh parce que v- il vous reste un regret du quinzième
et qu'est-ce qu'il a de si bien ce quinzième
je sais pas c'est peut-être parce que c'est la première fois qu'on était dans un quartier bien
si tu veux avec des commerçants
mais si quand même
oui oui nan mais d'accord bien
avant on habitait dans le dix-neuvième
rue Georges Lardennois après on a été à Fresnes
hein euh
oui par rapport à Fresnes c'était bien
à Fresnes euh d'un seul coup on est dans Paris
et le quinzième un bon quartier
bref vous n'êtes pas euh comme les touristes euh férus de quartiers genre la Goutte d'Or euh Belleville
comme quartier idéal euh
pas du tout
pas du tout
non pas spécialement on connaît mais pas spécialement
c'est plutôt un peu sale plutôt euh
nan mais c'est vrai qu'il y a il y avait une communauté j- oui nan
mais il y avait une communauté juive importante
oui à Belleville
entre autres
dans l- dans dans ces quartiers là à Belleville
et et ils ont été progressivement remplacés
par les chinois
quand on était petits quand j'étais plus petite qu'on habitait à la rue Tesson mon père av- il y avait c'était à côté de Belleville
et ça mon père tous les dimanches allait à Belleville achetait son son XX son hareng son
dans les dans les boutiques euh de Belleville
c'est sûr
nan mais nous on n'a on on n'a rien fait par là
nan nan nan nous on n'était pas se- s- c'est l'occasion enfin si tu veux mais c'est vrai que le quinzième pour nous est resté un
un quartier qui nous plaisait
ben ça nous oui c'est en fait euh
qu'est-ce qui alors s- c'est compliqué de formuler bien ma question euh il y a d'une part l'héritage culturel culinaire euh gréco-polonais et puis il y a la blanquette de veau euh et le petit salé ou je ne sais pas
du bon français et puis il y a la mondialisation les sushis et
je sais pas quoi euh ça
vous vous situez comment là-dedans
point de vue culinaire c'est multi
multi-face
depuis toujours
euh non parce que je ne savais pas quand j- quand je me suis mariée je savais rien faire de toutes manières
mais chez toi on mangeait polonais
chez mes parents on mangeait
la carpe farcie
polonais et français
c'était polonais et français on mangeait de la viande on mangeait des biftecks si tu veux
mais on mangeait de la carpe farcie on mangeait des des oignons avec du foie on mangeait euh du bouillon on mangeait des trucs comme ça
chez mes parents oui et chez ses parents on mangeait
des trucs grecs
au- au- autre chose oui
grec turc
grec et turc
mais mes mes parents euh
de la feta euh
du tarama
voilà c'est ça
des des comment ça s'appellait des kiftes
oui des böreks
des böreks euh voilà
c'est ça alors ça c'était puis alors
des tartes euh tu vois aux poireaux au feta euh
ah je vois maintenant d'où viennent
tes merveilleuses recettes
c'est Albert qui dit mais comme ma maman faisait oui
ça vient de sa mère mais oui comme XXX
comme
mais parce comme chez mes ma parents c'était pas terrible hein la cuisine polonaise on sait bien qu'elle est pas terrible donc j'ai-
c'est ce que je pense quand je me souviens de ma propre XX
donc c'est pour ça que j'ai pris des recettes de sa mère
c'est plutôt euh
le côté grec que tu fais
d'accord donc tu as incorporé
une partie de la cuisine orientale enfin moyen orientale
et puis
parce que je fais du café turc tu vois
comme ses parents du tarama oui f- oui
sau- sauf une chose les grecs ne savaient pas faire
le bifteck comme il fallait
c'est à dire c'était cuit c- re-cuit c'était horrible
et et j'ai j'ai commencé à aimer la viande grâce à Denise parce que elle il lui fallait un bifteck
c'est terrible moi je fais une épaule euh qui qui cuit
longtemps longtemps alors que ça va être
cuit et re-cuit
c'est pas de la viande rouge c'est pas grave
c'est pas gr- t'inquiète pas
euh mmh qu'est-ce que vous pensez du renouvellement de population
immigration migration
ben alors là c'est
et est-ce qu'il vous touche d'ailleurs X
je vais v- te dire nous on vient des des migrés
donc on peut pas les rejeter
mais n'empêche que effectivement on trouve que trop c'est trop
tu vois c'est c'est c'est ambivalent absolument ambivalent parce que je ne peux pas dire qu'on veut pas d'immigrés c'est pas possible on est des immigrés
mais d'un autre côté c'est vrai que pff c'est pas facile à vivre ils n'ont pas les mêmes méthodes la religion alors là ça me s- je supporte pas hein tu sais bien les femmes voilées ça c'est insupportable
dé- déjà tu r- tu n'aimes pas la religion juive alors là c'est
je n'aime déjà pas la religion juive puis non puis l- les ré- les je parle pas de ces immigrés là mais déjà les autres les immigrés d'avant qui venaient d'Afrique du Nord
c'est des gens qui sont qui qui qu- qui sont trop expansifs qui parlent trop qui sont c'est nous on est tu sais en Po- je suis polonais quoi on est très très discret on a peur c'est parce qu'on a peur je pense que c'est pour ça mais jamais on se permet de parler par exemple mes parents parlaient yiddish mais ils se cachaient quand ils parlaient yiddish
sa mère ça je me souviens tiens c'était truc quand ils habitaient rue Turgot ils avaient la cuisine qui était euh à à l'entrée parce que la cuisine était toute petite alors ils avaient fait une table ronde à l'entrée et quand on parlait normalement sa mère disait chut taisez-vous les les les voisins peuvent entendre
oui mais ça c'est la c'est l'empreinte de la guerre hein
elle elle était traumatisée hein
alors quand on voit les immigrés
ils se permettent
ils sont pas comme ça
ils ont b- b- bo- je sais pas si il connait le mot chutzpah
tu connais pas ils ont du toupet
culot oui
du culot
et il y a un mot en yiddish c'est chutzpah
euh tu le dirais de tous
ben tous ceux qui viennent de du du surtout
hein je
maintenant les syriens les j- libanais
non c'est différent c'est autre chose
ah non on toute une vie
non mais c'est passionnant moi j'écoute deux vies en plus euh
une vie de quatre-vingt-six ans tu te rends compte
vous avez gardé euh le ladino le yiddish
alors moi j'ai j'ai eu un gros problème avec le ladino c'est quand j'ai j'ai été euh responsable de beaucoup de pays d'Amérique latine c'était l'espagnol
et c'est très embêtant parce que j'ai des mots de ladino qui venaient avant ceux d'Espagne et il a fallu que je me réfrenne de penser ladino
pour pouvoir travailler sur place
et donc le ladino a un peu reculé
parce que tu n'as pas d'occasion
alors que mes parents parlaient ladino normalement à la maison
donc évidemment nous on on répondait pas en ladino d'ailleurs je me souviens on répon- on écoutait on on répondait en français
mais on répondait pas en ladino et et j'ai eu ce problème là donc euh après bon ben pour le pour les pays scandinaves et nordiques là c'était plutôt l'anglais
donc il n'y avait trop de problèmes
quant à moi pardon
et ce qui mmh
nan ce qu'il faut dire aussi c'est que en Amérique latine quand on fait des affaires très souvent les gens qui sont euh qui ont la responsabilité d- dans des grands pays comme le Mexique et tout ça ils voulaient que ça se passe en anglais ils voulaient pas que ça soit en espagnol
c'était très curieux
l'espagnol c'était après pour boire un coup
voilà
c'est un peu ça
et c'est important
oui tout à fait mais qu- quand on avait euh des des des accords de plusieurs millions sur des des des des comment dirais-je des systèmes qui permettaient d'arroser automatiquement les les tomates par exemple
pour donner un exemple arroser les tomates et le euh euh il y a un français qui avait déposé un brevet il a il avait une p- une espèce de petite euh
de goutte à goutte nan
ouais en fait oui f- mais i- i- il donnait l'eau s- quand c'est euh quand c'était la peine autr- autrement dit quand les plantes en avaient besoin
donc j- eu euh une euh un accord de plusieurs millions avec euh c'était la c'était attends chez qui on a été tu sais euh quand je t'avais amené je m'en rappelle plus j'ai plus idée
au Guatemala nan
nan nan c'était pas le Guatemala Equateur
Equateur donc ça s- c'est ça se présentait bien on a eu donc une grande réception le jour où on a signé tout ça et quelques semaines après on apprend comme par hasard que les américains avaient bloqué notre truc pour vendre le leur
bloqué ordonné
ordonné aux gens parce que ils é- vous savez l'Amérique là-bas c'est c'est la première hein
il n'y a pas l'Europe ne ne jou- les allemands peut-être mais l'Europe
on connait pas
et donc on s'est fait sucrer
on s'est fait sucrer l'affaire comme ça en quelques semaines euh le gars du il s'est excusé bon évidemment on n'a rien payé de pénalités pa- on pouvait leur faire payer quelquechose on n'a pas voulu parce qu'après tu te supprimes le les clients
mais voilà c'était c'était une petite anecdote comme ça quoi
euh vous avez encore des occasions de parler alors le yiddish tu tu tu XXX
je je je oui je comprends
quand quelqu'un parle yiddish je comprends ce qu'il dit
mais tu entends encore des gens parler yiddish où
pas beaucoup mais ça arrive
ça arrive parce que j'ai une amie qui qui prend des leçons de yiddish alors elle euh elle par exemple quand elle me téléphone de temps en temps elle me donne des z- des
des expressions
en yiddish en me disant tu comprends je lui dis oui je crois je cr- celle-là je la comprends mais non c'est XX
et et vos enfants
rien du tout
rien du tout
rien du tout rien
ils parlent anglais j'imagine
ils parlent anglais voilà c'est ça bref
ils parlent anglais ils parlent français ils parlent euh
espagnol XXXX
euh au début c'était un peu l'espagnol parce que moi je les avais poussé à faire de l'espagnol
et ils avaient une bonne espagnole aussi XX
et on avait une bonne espagnole en plus puis après c'était
l'anglais qui a pris le dessus
et c'est fini quoi
ni ladino ni yiddish c'est fini ça
avec un regret ou pas
ben tu sais le yi- nan un regret nan mais c'est vrai que le yiddish euh c'est il y a beaucoup d'humour dans les
dans les phrases yiddish et c'est dommage
mais bon c'est comme ça hein
euh qu'est-ce que donc on a parlé de euh de de mondialisation mais on a pas parlé des changements dans le commerce qui ont euh est-ce que est-ce que vous êtes fidèles aux petits commerçants du quartier
oui
et est-ce que vous allez dans des grandes surfaces ou des moyennes ou
ça nous arrive mais
ça nous arrive
mais c'est pas la règle hein
mais depuis qu'on est à Vincennes on y va moins parce que il y a beaucoup de petits commerçants c'est ça le problème
mais il y a aussi j'ai vu juste à côté de chez vous par exemple un Franprix ou
ah il y a il y a trois Franprix
il y a deux Monoprix il y a
oui oui oui il y a il y en a oui oui
donc ça vous allez aussi j'imagine
oui on y va on est chez le boucher
on y va aussi mais oui
on va chez le boucher chez le fromager on va chez le fromager
ou on va au marché
mmh vous allez au marché
ah oui
j'adore le marché oui oui oui
tous les vendredis tous les dimanches on va au marché
le marché sur l'Esplanade euh
sur euh la rue de Fontenay
ah oui d'accord enfin là où tu as acheté tes chaussures
oui
les sur le le parvis où il y a l'église c'est ça
oui oui ça le les petits commerçants oui mais bon l'épicerie tout ça c'est c'est plus faci- on trouve plus d'ailleurs dans à à part les les les
Monoprix les épiceries
on trouve ce que certains appellent mon petit épicier arabe qui
est ouvert jusqu'à
oui
oui
mais ça on y a- quand on travaille on y va
parce que ça reste tard le soir mais nous on travaille plus
donc on peut y aller la journée
oui nous on y va jamais
enfin c'est vraiment
si si c'est
à la dernière minute
euh c'est de moins en moins parce que maintenant il y a d'autres euh
d'autres magasins
qui ouvrent le dimanche
donc parfois quand euh le dimanche on avait besoin au dernier moment d'un truc
évidemment on allait là
oui c'est vrai c'est fini ça oui
est-ce que euh
aussi est-ce que vous êtes touchés par les problèmes économiques
ah ben oui
bien sûr
vous
ah nous personnellement
non non enfin on n'est pas touchés enfin je veux dire euh on considère que que que il y en a d'autres qui sont pires que nous qui ont pl- et que nous on est pas si mal lotis en fin de compte
nan on est plutôt bien même je veux dire on fait partie quand même
on a eu une diminution de nos salaires ça c'est sûr mais bon on on
ça va on peut vivre
nan mais ce qui s'est passé c'est que not- notre appartement
nous appartient on n'a plus d'emprunt en court depuis longtemps
et donc même si nos res-
nos trucs sont sont pas très élevés euh on vit normalement
même on arrive à aider notre fils qui a des gros problèmes
donc c'est vos proches qui sont
fauchés
un de mes fils mon fils Nicolas il est dans la merde
oui oui tout à fait Nicolas euh a a beaucoup de soucis euh
il est il est mmh comment on dit déjà il est ah
son son métier c'est quoi
ingénieur du son
il est ingénieur du son mais il est i- il est
freelance
il est freelance voilà donc il a des des salaires comme ça
ah oui il gagne très peu
et par moment il y arrive pas
il y arrive pas
pour ne pas dire beaucoup et il a et l- l- son appartement c'est nous qui av- avec Frédérique qui l'avons payé
parce qu'il pouvait pas
et oui mais nous personnellement non
mais ça c'est aussi le changement de technologie peut-être c'est à dire que maintenant c'est plus
facile et on prend moins de
s- c'est pas pou- c'est pas une question de technologie c'est qu'une question d'argent parce que avant ils prenaient
un ingénieur du son pour toutes les tout ce qu'il y a à la télé
maintenant ça coûte trop cher donc ils mettent une euh
le micro au bout de la de la caméra
le micro au bout de la la caméra
et c'est très mauvais je sais pas si vous avez remarqué dans les les films là à la télé souvent on comprend pas grand chose
et c'est parce que il y a pas il y a
et ben c'est c'est pour ça
nous on on regarde pas assez la télé
pour XXX
ah oui nan mais c'est Nicolas qui nous a dit
si vous avez des problèmes d'audition
c'est à cause de ça le le micro au bout de la caméra
ça s- c'est c'est pas c'est c'est
c'est pas aussi bon que s'il y avait un ingénieur du son
c'est pas vraiment du boulot
alors par contre il est appelé quand il y a des conditions spéciales dans la rue dans les trucs où là il faut faire plus attention à ce que l'on fait alors là on l'appelle
oui
mais donc il gagne pas sa vie quoi
mais maintenant il est on l'appelle de moins en moins parce que les gens font des économies ils ferment tout les robinets enfin voilà
donc euh bon on l'ai- on l- on l'aide
donc vous avez et c'est un gros souci ça
c'est un très gros souci
oui c'est un gros souci
c'est un très gros souci
et et qu- euh sinon dans le quartier les problèmes économiques vous les sentez
il y a des commerces qui ferment il y a des
non c'est
des i- ils ont l'air assez aisés v- euh à Vincennes
hein franchement euh oui enfin d- en tout cas les tous les les voisins qu'on a dans l'immeuble euh ils ont ils n'ont pas de problèmes hein euh
pas du tout
on voit bien hein maintenant il doit y avoir des pauvres aussi hein
mais euh on les voit pas tellement il y a pas tellement de mendiants d'ailleurs il y en a toujours le même
là
alors là c'est un chronique
ouais il y en a pas beaucoup
c'est vrai
il a plus de dix ans
il est mendiant il pense qu'il y a plus d'argent à gagner dans Paris j'imagine
ben sûrement
parce que mais celui-là il est toujours au même endroit
il est connu on lui dit bonjour on dit comment ça va aujourd'hui
ch- ch- je sais pas comment il fait parce que
il est quand il fait froid ou il fait très chaud il est toujours dehors
il est
assis sur son truc je sais pas com- moi je serais mort de- depuis
longtemps hein
quand il fait très froid et qu'il y a du vent il est dehors il est il attend
ils sont relativement bien ri- enfin
aisés les gens à Vincennes hein
oui oui nan il y a pas pas trop de problèmes
et est-ce que vous vous intéressez aux informations spécifiques sur le quartier
et comment vous êtes au courant
j'ai on a
oui
on a un journal tous les mois
le Vincennes qui raconte tous tous tous les problèmes de Vincennes
donc vous vous recevez oui
ah moi je le lis
je lis complètement oui
complètement
mais bon j- si j'avais été plus jeune je suis sûre que ils demandent des bénévoles pour faire telle et telle chose je l'aurais fait
il y a dix ans quinze ans maintenant je peux plus je suis trop vieille
mais euh oui
avant je l'aurais fait ils demandent de s'occuper de la vie de de de Vincennes tu vois
ça m'interro- ça m'aurait intéressé beaucoup
aider des enfant à je sais plus quoi ou des vieux nan des vieux non j'aime pas les vieux
mais c'est vrai que je à chaque fois que je vois tu vois il y a il y a et puis il y a souvent il y a par euh jour il y a telle et telle chose une conférence il y a un truc
il y a un machin
c'est sûr
c'est très
c'est très
ça fait envie quoi
ça me fait envie mais c'est plus c'est plus fini c'est fini pour moi
si tu veux même les seniors je veux pas en faire partie alors euh
tu vois les autres c'est l- c'est fini
puis les seniors je veux pas
bon pour quelqu'un
qui fait pas grand chose je trouve que nous on a déjà l'impression qu'on court avec nos affaires de chorale et je vois que
tu cours du bridge à
promenade
euh le bridge la LICRA euh Divan Littéraire
les randonnées du jeudi matin mais bon
c'est vrai j- je XX
ça fait beaucoup hein quand même
le yoga mais il est pas à Vincennes le yoga mais s- oui je faisais tout ça mais moi il faut que je fasse quelque chose et puis je suis obligée et j- il faut que j'aide je peux pas euh simplement faire des choses pour mon bon plaisir
il faut que je sois utile alors j'ai laissé tomber mon association là pendant d-
dix-huit ans
et je me suis dis mais qu'est-ce que je vais faire pour aider alors j'ai trouvé la LICRA vous connaissez la LICRA
mais j- je trouve que je suis pas très utile
voilà alors ça me gêne un peu
ils ont besoin de quoi
mais enfin bon
pff
alors je i- j'étais contente la semaine dernière j'avais décidé de laisser tomber la LICRA puis la semaine dernière il y a eu une réunion et un des le président a proposé voilà à Saint-Maur-des-Fossés il y a une trois classes de de l'école de de de du lycée de Saint-Maur qui envoie les les jeunes à Auschwitz
et il proposait qu'on prenne en charge cette histoire là pas du tout pour aller à Auschwitz
bien sûr mais que après quand les jeunes revenaient d'Auschwitz
leur proposer
de faire un papier d'écrire que chacun écrive son é- ses émotions ce qu'il en pense tout ça que nous on fo- on formerait un un
un jury
on ferait des diplômes on c- récompenserait
les meilleurs tu vois
et ça ça m'a plu et ils ont demandé qui veut s'en occuper moi j'ai levé le doigt bien sûr
et alors on devait se réunir jeudi pour parler de ça et c'est annulé bon
alors tu vois j- je sais pas
bah c'est pas grave c'est c'est c'est
bon mais il f- j'ai besoin d'être utile
oui et cette idée aussi des des gens qui témoignent de ce que a été la guerre ça tu ne l'a jamais fait tu ne te confies pas beaucoup
je l'ai fait pendant une période j'ai été à la mémorial de la Shoah mais bon ça ça va ras-le-bol
enfin je peux plus maintenant je peux plus j'en ai trop là je suis saturée
mais n'empêche que j- quand on regarde des livres que j'achète ou les livres que j'ai à la bibliothè- à la lim- dans ma bibliothèque c'est toujours la guerre
et quand on se on se rencontre avec des amis juifs de quoi on parle de la guerre il y a rien à faire
il y a rien à faire c'est ce que je me dis c'est pas possible quand même il faut qu'on ai-
et tes enfants
ah ils sont très au courant de tout
mais XX il y a une différence entre être au courant
et être euh
envahit par euh
enfin envahit
est un mot trop fort
oui nan mais
euh Nicolas euh nan hein pas euh mais mais
s- ça ça a moins d'incidences beaucoup moins d'incidences
heureusement
oui mais enfin
n'empêche que quand ils étaient plus jeunes euh ils faisaient partie d'un mouvement de jeunesse juive
hein ils allaient donc au en camp en truc comme ça parmis les juifs hein
mais non
mais ça c'était un peu votre choix
oui tout à fait oui oui tout à fait mais ça a pas pris ça a pas pris du tout
ah c'était nous qui décidait oui oui nan je crois que maintenant ils ont euh
nan mais n'empêche que quand ils évoluent ils sont souvent parmis des amis qui sont juifs hein je regrette
pas pas tous nan nan
beaucoup
beaucoup
vous vous avez quand même aussi ce groupe euh de marcheurs de randonneurs
mais qui n'a rien à voir
avec les juifs
justement on a euh on a ouvert
oui oui absolument oui oui
qui était euh un groupe professionnel au départ
oui à euh à l'hôpital
j'ai connu Catherine à l'hôpital à l'hôpital Lariboisière
oui et puis c'est pareil euh euh les randonnées dans la fôret de Font- de de de Vincennes
il y a pas de juifs hein
le yoga il y a pas de juifs euh la LICRA oui
la LICRA oui qu'est-ce qu'il y a d'autre le bridge il y en a beaucoup mais bon mais il y a de tout il y a de tout nan nan on est ouvert à tous euh je trouve qu'il y a des gens très int- très intéressants euh quelque soit leur euh
c'est ça parce que dans notre entretien euh vous avez plutôt évoqué euh le destin tragique des juifs
et le fil que ça con- constitue jusqu'à aujourd'hui dans votre vie
et moi je vous ai connu dans un cadre euh
tout à fait différent avec une bande de
tout à fait différent oui
tout à fait différent oui
oui oui de de cathos euh
non enf- pas cathos mais enfin
enfin cathos il doit pas y en avoir beaucoup mais il y en a quelques uns oui effectivement
oh oui il y en a quelques uns
oui oui nan mais c'est vrai c'est vrai mais
ben si et ces pauvres gens là qui sont morts
et ex-communistes ou communistes ou euh
oui communistes euh oui athées ils sont la plupart sont
athées oui mais enfin bon euh quand m- il y en a quand même des cathos euh Elisabeth
elle est ca- elle est catho
mais euh c'est vrai c'est vrai mais je je on peut justement on a esprit large
on va peut-être s'arrêter là
à moins à moins que vous ayez envie de
nan mois je
un autre point en fait
on a plus parlé de vie que de quartier
ben oui
parce que c'est vrai qu'on s'est pas te-
on s'est pas tellement intégrés
dans les quartiers exactement
à part Vincennes on s'est pas intégrés
alors si il y a quand même une nuance euh à partir de ma ma promotion j'ai gardé beaucoup de contacts avec des gens qui sont pas juifs du tout
et on en a
mais pas du quartier
ah nan pas du quartier
non mais on on les fréquente ils ont des amis et et voilà donc euh c'est ouvert aussi de ce côté là
et oui c'est très ouvert
mais pas pas de quartier tu as raison
non vous ne donnez pas du tout l- euh l'impression de gens repliés sur eux-mêmes
et j'étais
euh frappée
par mais s- c'est peut-être parce que c'est un r- une histoire de vie
c'est un
récapitulatif
que la cohérence
euh encore une fois j'ai envie de dire tragique funeste de vos vies
c'est quand même euh
ça nous poursuivra toujours ça
jusqu'à la fin
jusqu'à la fin
mais c'est vrai que la vie de quartier non on en n'a pas eu on en n'a pas eu
ce ce dont je n'ai pas parlé c'est toute la famille qu'on avait qui était restée en Grèce parce que
mes parents sont partis en France pour les raisons que j'ai évoquées mais toute no- la famille de m- presque une quarantaine de de personnes ont été déportées tuées et tout quoi il n'y a plus
personne euh parce que je sais pas si tu connais l'histoire du rabbin de Salonique il y a eu un livre d'écrit
ce rabbin de Salonique il avait une euh une euh formation ch- ch- il était autrichien au départ il avait une formation allemande et il a appris les choses comme les allemands le font c'est à dire que quand les allemands sont arrivés à Salonique ils ont dit il faut me donner l'adresse de tout le monde
ce qu'ils font
il faut une liste et tout ça et
et cet imbécile il a tout fait comme ça et
et le patrimoine il a obéit tout le monde a été déporté
et tout le monde a été pris à cause de ça ils sont partis lui il est parti un petit peu après mais finalement quand même il est mort d'un typhus à à XX mais voilà ce qui s'est passé à Salonique donc si tu veux nous moi j'ai plus de n- de famille du tout là-bas
et c'est
et alors que à Athènes il y avait un un autre euh rabbin
qui lui quand il a su il a dit aux gens fichez le camp
oui
et là il y en a très peu qui sont partis de Salonique en écoutant le
ah ouais ah ouais
a- a- ceux qui ont été à Athènes ils s'en sont sortis et puis il y en a quelques uns qui ont fichu le camp dans les montagnes et qu'on- qui n'ont pas été attrapés mais la la la majorité c'est-à-dire euh presque soixante soixante mille euh personnes ont été ont été déportées à cause de ce rabbin
et puis c'est comme un trou béant
enfin quand on se retourne sur euh le passé et qu'il y a personne
ah oui ah oui ben on a plus p- ouai
ouais
ouais
grand-mère
grand-père cousins cousines pff on sait pas ce que c'est nous c'est les descendants c'est pas les ascendants
heureusement ils sont là
ils sont beaux ils sont sympas
on va s'arrêter là
merci beaucoup
ben dis donc tu vas faire un tri
parce que ça fait
euh je vais surtout essayer de me souvenir de ce que je dis
tu tu essaies de voir si ça s'est bien enregistré
peut-être
je vais surtout euh
save je cherche où est écrit save
il faut sauvegarder peut-être nan
oui
en XX en mettant save
je oh oui on le trouve dans menu non non non ouais où est-ce qu'on le trouve déjà sauvegarder
oui oui dans menu normalement dans menu
nan euh il faut que je XX je me souviens de rien maintenant select peut-être select ah attends qu'est-ce qu'il se passe là je l'ai arrêté de toute façon hein